(Actualisation: memo interne de Renault sur la gouvernance, nouveau cours de Bourse et contexte)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le conseil d'administration de Renault se réunira mardi pour gérer la crise à son sommet après l'arrestation de son président, Carlos Ghosn, au Japon et alors que le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a exhorté le constructeur automobile à adopter une gouvernance intérimaire.

"Je recevrai dès ce matin l'administrateur référent Philippe Lagayette et les représentants de l'Etat au conseil d'administration de Renault pour leur demander de mettre en place immédiatement une gouvernance intérimaire", a déclaré Bruno Le Maire mardi sur France Info, soulignant que Carlos Ghosn était actuellement "empêché de diriger l'entreprise".

"Il n'est de fait plus en état de diriger l'entreprise mais nous n'allons pas demander le départ formel de M. Ghosn pour une raison simple: nous n'avons pas de preuve et nous sommes dans un état de droit", a fait valoir le ministre de l'Economie. La participation de l'Etat français dans Renault s'élève à 15,01%.

Nouvelle chute du titre en Bourse

Après l'intervention du ministre de l'Economie, une porte-parole de Renault a indiqué qu'un conseil d'administration aurait lieu "en soirée" mardi, sans apporter davantage de précisions. Selon une source proche du dossier, ce conseil d'administration portera bien sur la gouvernance de transition.

A la Bourse de Paris, le titre Renault perd 3,2% à 57,2 euros mardi après avoir déjà chuté de 8,4% la veille. Pour Kurt Sanger, analyste chez Deutsche Bank, la correction que subit la valeur apparaît "excessive" car Renault possède "des dirigeants très réputés" qui pourront diriger le groupe, dans le cas où Carlos Ghosn serait démis ou suspendu de ses fonctions. Commerzbank considère pour sa part que le directeur général délégué, Thierry Bolloré, fait figure de grand favori pour remplacer Carlos Ghosn comme directeur général.

"Nous avons aujourd'hui un directeur général délégué, M. Thierry Bolloré, qui est de grande qualité, on verra ce que le conseil d'administration décide. Mais il faut que se mette en place le plus vite possible une direction intérimaire", a déclaré Bruno Le Maire. Dans un memo diffusé sur le site intranet de l'industriel lundi soir, Thierry Bolloré a fait part de son soutien total à Carlos Ghosn mais a également souligné que les instances de gouvernance de Renault avaient à coeur de défendre les intérêts collectifs du groupe.

D'après BFM Business, le conseil d'administration de Renault pourrait acter la scission des fonctions de président et de directeur général. Thierry Bolloré prendrait alors le poste de directeur général tandis que la présidence du conseil d'administration serait confiée à un président non exécutif qui pourrait être Patrick Thomas, ancien président de la gérance d'Hermès. Interrogé par l'agence Agefi-Dow Jones, une porte-parole de Renault n'a pas souhaité commenter ces informations.

La chute de l'architecte de l'alliance tripartite

Architecte de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Carlos Ghosn a été arrêté lundi au Japon pour malversations. Selon le parquet de Tokyo, au cours des cinq années fiscales achevées en mars 2015, Carlos Ghosn a perçu environ 10 milliards de yens (78 millions d'euros) mais a fait déclarer par Nissan la moitié de cette rémunération dans des documents réglementaires adressés à la Bourse de Tokyo. Le parquet a indiqué qu'il soupçonnait le responsable d'avoir violé une loi japonaise interdisant la falsification de documents réglementaires. Selon une enquête interne menée par Nissan, Carlos Ghosn aurait également utilisé à des fins personnelles des actifs de la société.

Nissan et Mitsubishi ont tour à tour annoncé leur intention de démettre Carlos Ghosn de ses fonctions de président de leur conseil d'administration respectif.

Renault détient 43,4% du capital de Nissan, qui de son côté contrôle 15% de Renault, un déséquilibre qui reflète le fait que Nissan était au bord de la faillite au moment de la formation de l'alliance entre les deux constructeurs. Mitsubishi a rejoint l'alliance après l'acquisition par Nissan d'une participation de 34% dans la société en 2016.

Largement bâtie autour de la personnalité de Carlos Ghosn depuis 20 ans, l'alliance doit apprendre à fonctionner sans lui, prévient Kepler dans une note à ses clients.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH - VLV

(Nick Kostov a contribué à cet article)

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