* Le comité d'entreprise de GM&S s'oppose à la reprise

* Les négociations ont été particulièrement houleuses

* Le gouvernement s'est impliqué régulièrement dans le dossier

par Caroline Pailliez

PARIS, 3 septembre (Reuters) - Le tribunal de commerce de Poitiers se prononce lundi sur la reprise de l'équipementier GM&S Industry, une décision qui devrait théoriquement mettre fin au premier conflit social du quinquennat.

L'unique offre de reprise, mise sur la table par le groupe GMD, propose de maintenir 120 emplois sur 277 pour un chiffre d'affaires annuel de 22 à 25 millions d'euros, selon les organisations syndicales.

C'est loin du compte pour les salariés de l'usine de La Souterraine (Creuse) qui ont rendu un avis défavorable vendredi, estimant que l'offre "n'assure en aucune façon la pérennité à long terme du site" et va provoquer "une casse sociale énorme".

Ils réclament la reprise de 140 à 180 salariés ainsi que des indemnités supra-légales pour ceux qui en seraient exclus. Pour l'instant aucune indemnité de ce type n'a été évoquée.

Le tribunal avait reporté d'un mois sa décision en juillet pour laisser le temps au comité d'entreprise de se prononcer. C'était la cinquième fois qu'il accordait un délai aux parties prenantes au dossier, qui ont mené des négociations particulièrement houleuses.

Les salariés, qui tiennent les principaux donneurs d'ordres, Renault et PSA, en partie responsables de l'échec financier de GM&S, ont multiplié les actions pour se faire entendre.

MENACES AUX BONBONNES DE GAZ

En mai, ils menaçaient de faire exploser leur usine avec des bonbonnes de gaz. En juin ils ont manifesté à Paris à l'occasion d'une réunion avec le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. En juillet, ils ont bloqué pendant deux jours le site de PSA de Sept-Fons (Allier), ainsi que celui de Renault dans l'Yonne. et

Le repreneur, de son côté, a assorti son offre de clauses suspensives qui n'ont été levées qu'à la fin du mois de juillet, les principales étant: une hausse des commandes de la part des constructeurs automobiles et le versement d'un investissement de 15 millions d'euros pour moderniser l'usine.

PSA, qui refusait d'abonder ce fond, a consenti à une deuxième hausse de commandes, les portant à 50 millions d'euros sur cinq ans. Le gouvernement et Renault ont accepté, quant à eux, d'investir cinq millions d'euros chacun.

Le ministre de l'Economie est aussi intervenu à plusieurs reprises pour demander, entre autres, la levée des blocages des usines. et

Cette semaine, les salariés, qui souhaitaient remettre une lettre à Emmanuel Macron pour faire valoir leurs revendications, ont été reçus par un conseiller du président de la République à l'Elysée, selon les délégués syndicaux. Ils n'excluent pas d'autres actions dans les prochains jours.

"On a toujours espoir de faire augmenter le nombre de reprises. On va se battre jusqu'au bout. On ne peut pas laisser 157 familles sur le carreau, quand il y a aussi peu d'emplois dans la région", a dit à Reuters, Yann Augras, délégué syndical. (Edité par Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : Peugeot, Renault