par Cyril Altmeyer

Le troisième groupe publicitaire mondial en termes de revenus compte se renforcer dans les pays émergents, pour lesquels il attend une "solide croissance" dès 2010, visant en particulier l'Inde, la Chine et l'Amérique latine.

Maurice Lévy, le président du directoire du groupe, a également déclaré à des journalistes qu'il était "assez confiant" dans la capacité de Publicis à limiter à 200 points de base "au maximum" la baisse de sa marge opérationnelle en 2009 comparé aux 16,7% de 2008.

Il a précisé aux analystes qu'il comptait se rapprocher de ce niveau en 2011, après avoir tiré en 2010 les fruits des efforts de maîtrise de coûts entrepris depuis l'année dernière.

L'action prend 1,55% à 27,905 euros vers 12h30, surperformant légèrement l'indice DJ Stoxx des médias (+1,5%).

"Etant donné la solidité des gains de nouveaux budgets, nous nous attendons à ce que la variation organique du revenu reste légèrement meilleure que celle de ses concurrents pour l'instant, ce qui contribuera à conserver une certaine prime pour l'action Publicis", écrit dans une note Richard Jones, analyste chez Goldman Sachs.

Publicis a enregistré au troisième trimestre un revenu de 1.047 millions d'euros, à comparer à un consensus réalisé par la rédaction de Reuters de 1.058 millions.

Les 12 analystes interrogés attendaient en moyenne une décroissance organique moins marquée, de 6,9%, après des reculs de 8,6% au deuxième trimestre et de 4,4% au premier.

Publicis s'en sort toutefois mieux que le numéro six mondial Havas et l'américain Omnicom Group, qui ont accusé des reculs respectifs de 9,3% et 10,7% au troisième trimestre.

Le leader mondial du secteur, le britannique WPP, communiquera ses chiffres vendredi.

"Le quatrième trimestre devrait être en amélioration sur le troisième trimestre (...). Je m'attends à un redressement lent, mais tous les signes que nous avons vont dans le même sens", a dit Maurice Lévy, citant des améliorations dans les médias traditionnels, le numérique et des segments comme la pharmacie.

Il a toutefois confirmé que le retour à la croissance organique n'était pas à attendre avec le second semestre 2010.

Avec une décroissance organique limitée à 6,9% sur les neuf premiers mois de 2009, Publicis devrait faire "beaucoup mieux" que le marché mondial cette année, a-t-il estimé, en référence au recul de 9,9% attendu par ZenithOptimedia.

4,8 MILLIARDS DE DOLLARS DE GAINS DE BUDGETS

Le groupe a engrangé pour 4,8 milliards de dollars de gains de budgets sur les neuf premiers mois de l'année.

Dans le numérique, le seul segment encore en progression sur le marché, Publicis a enregistré une croissance organique de 5,5% sur les neuf premiers mois de l'année.

L'acquisition de l'agence de publicité sur internet Razorfish à Microsoft finalisée le 13 octobre pour un montant de 369 millions d'euros permettra à Publicis d'atteindre dès le début 2010 son objectif d'avoir un quart de son revenu dans le numérique - contre 21,3% sur janvier-septembre 2009.

Publicis s'attend à des économies de coûts de 13 millions de dollars avec cette opération, confirmant qu'elle sera relutive en 2011, après une dilution maximale de 1 à 2% en 2010.

L'impact sur la dette nette du groupe sera d'environ 197 millions d'euros, tandis que Microsoft est entré au capital de Publicis avec une participation de 3,3%.

Publicis, qui a ramené en un an sa dette nette de 1.245 millions à 789 millions d'euros au 30 septembre, affiche pour 3,6 milliards d'euros de liquidités disponibles.

"Nous avons de la marge pour faire des acquisitions", a précisé Maurice Lévy à des journalistes, tout en confirmant son objectif de se concentrer sur des "quelques jolies cibles" dans les pays émergents et le numérique.

Il a précisé aux analystes que le groupe étudiait "sérieusement" certaines opportunités d'acquisitions d'agences en Inde pour y renforcer sa position, ainsi qu'en Chine, où il est le numéro deux derrière WPP. Maurice Lévy a également dit vouloir se renforcer dans le numérique en Amérique latine - au Brésil et au Mexique - et dans certains pays européens.

Edité par Matthieu Protard