MADRID, 16 avril (Reuters) - La société de pêche espagnole Pescanova, qui a entamé lundi une procédure de dépôt de bilan, cristallise la colère de petits porteurs en raison de l'incapacité du groupe à présenter des comptes 2012 et de l'information montrant que son président a vendu une partie de ses titres sans en avertir qui de droit.

L'entreprise, très connue en Espagne et l'un des premiers fabricants mondiaux de bâtonnets de poisson pané, s'est déclarée en faillite en raison d'une dette d'au moins 1,5 milliard d'euros, accumulée pour financer son expansion avant que la crise économique ne plombe ses résultats.

Plus d'un mois après la date butoir, Pescanova doit encore présenter des résultats 2012 audités. Et le groupe a annoncé lundi que son président Manuel Fernandez de Sousa avait cédé la moitié de sa participation de 14,4% dans l'entreprise entre décembre et février, juste avant de commencer à préparer la procédure de dépôt de bilan.

Manuel Fernandez de Sousa a dit avoir vendu ces actions afin de pouvoir faire un prêt à la société à court d'argent, mais il avait omis d'avertir le conseil et les régulateurs de cette cession, enfreignant ainsi la loi espagnole.

L'action Pescanova a oscillé entre 13,45 et 17,99 euros pendant la période concernée, ce qui signifie que, en vendant 7% de l'entreprise, son président a pu lever au moins 27 millions d'euros, selon des calculs faits par Reuters.

Dans un avis boursier daté de ce mardi, Pesconava précise que Manuel Fernandez de Sousa a prêté 9,3 millions d'euros à l'entreprise à la suite de la cession de titres, avec un taux d'intérêt annuel de 5%.

Cette vente de titres a décuplé la fureur des actionnaires, qui ne peuvent rien faire de leurs participations depuis la suspension de l'action Pescanova le 1er mars, jour qui avait été fixé comme la date butoir pour la présentation des résultats 2012.

La valeur de l'entreprise, majoritairement détenue par de petits porteurs, a fondu de 58% entre le 1er janvier et le 1er mars. Elle avait déjà reculé de 41% sur l'ensemble de 2012.

Pescanova, dont le siège est à Vigo, dans le nord-ouest de l'Espagne, emploie quelque 1.000 personnes dans le pays et 10.000 à travers le monde.

Sur la période 2005-2007, juste avant que l'économie espagnole ne commence à s'effondrer, le groupe avait multiplié les acquisitions, notamment des élevages de saumons et des activités dans les crevettes. (Tracy Rucinski et Carlos Ruano, Benoît Van Overstraeten pour le service français)