Sur la facture totale, 5,3 milliards ont été couverts sur fonds d'Etat, le reste étant financé par les investissements d'entreprises publiques et par des capitaux privés.

Mais pour les analystes, difficile de penser que l'ancienne république soviétique pourra à l'avenir attirer aisément des investissements étrangers. Et lorsque le coup de sifflet final du dernier match aura été donné, rien ne garantit, contrairement aux espoirs des autorités, que l'Ukraine sera devenue une nouvelle destination touristique européenne.

Pour un pays qui doit faire face cette année à 9,5 milliards d'euros de remboursements de sa dette, dont près de la moitié libellés en devises étrangères, l'enjeu est crucial. Dès le mois de juin, Kiev doit rembourser un crédit de 1,6 milliard à la banque russe VTB Capital et 400 millions d'obligations en euro.

L'Ukraine a par ailleurs tenté vainement de s'entendre avec le Fonds monétaire international (FMI) sur le déblocage d'une nouvelle ligne de crédit.

"L'Ukraine ne tirera aucun revenu financier ni impact économique conséquent de la co-organisation de l'Euro 2012", affirme Andriy Kolpakov, de la société d'analyse Da Vinci AG.

En outre, ajoute-t-il, l'affaire Ioulia Timochenko, l'ex-Premier ministre ukrainienne dont le sort judiciaire émeut les capitales occidentales, rend caduques les perspectives d'amélioration de l'image de l'Ukraine à l'étranger.

Enfin, la flambée des prix des chambres d'hôtel le temps de la manifestation sportive a visiblement incité nombre de supporteurs européens à écourter, lorsqu'ils ne l'annulaient pas, leur séjour en Ukraine tandis que la corruption, très présente dans le pays, gonflait artificiellement la facture finale.

Résultat, les analystes de Da Vinci prévoient un déficit compris entre 4,8 et 6,4 milliards d'euros.

DES INFRASTRUCTURES POUR L'AVENIR ?

Les pouvoirs publics assurent pour leur part que l'organisation de l'Euro de football n'a fait qu'accélérer des projets d'infrastructures qui étaient de toute façon indispensables pour l'avenir du pays et des quatre villes-hôtes - Kiev, la capitale, Donestsk, Kharkov et Lviv.

"Sans aéroports internationaux ni infrastructures de transport, notre pays ne recevra aucun investissement étranger", plaide le vice-Premier ministre Borys Kolesnikov, qui coiffe le comité d'organisation de la compétition.

Andriy Kolpakov, de Da Vinci, réfute l'argument et pointe l'insuffisance des travaux menés pour désorganiser l'Euro avec la Pologne.

"Malgré plusieurs années de préparations, aucune infrastructure, aucune installation touristique ne sont sorties de terre qui auraient pu convaincre la majorité des supporters attendus de revenir plus tard en Ukraine", affirme-t-il, conseillant aux dirigeants ukrainiens d'oublier leurs rêves d'un intérêt durable des touristes occidentaux pour leur pays.

Quant aux investisseurs étrangers, rappelle Alexander Valchishen, de la société de courtage Investment Capital Ukraine, ils ne se déterminent pas en fonction des aéroports internationaux et des hôtels de standing.

"Il n'existe pas de corrélation directe: les investissements directs étrangers (IDE) n'augmenteront qu'en améliorant le climat des affaires, c'est-à-dire en réduisant la bureaucratie", dit-il.

D'après les chiffres du Service ukrainien des statistiques, le montant des IDE en Ukraine a stagné en 2011, à 3,7 milliards d'euros contre 3,75 en 2010, mais considérablement reculé par rapport aux 6,4 milliards d'euros de capitaux étrangers investis en 2005 dans la foulée de la "Révolution orange".

Avec Richard Balmforth à Kiev et Lidia Kelly à Moscou; Henri-Pierre André pour le service français

par Natalia Zinets