par Matthieu Protard

"Les caisses régionales seront collectivement, encore plus, un actionnaire majoritaire solidaire, responsable et actif de Crédit agricole SA", a déclaré Jean-Paul Chifflet, le secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit agricole (FNCA), l'organe politique de la banque.

"Cela implique de mieux formaliser nos modes de réflexion et de dialogue sur les stratégies, sur l'allocation des fonds propres et sur les contrôles", a-t-il ajouté.

Pour leur permettre une plus grande implication dans la stratégie de Crédit agricole SA (CASA), la FNCA veut renforcer les pouvoirs de la société SAS La Boétie par l'intermédiaire de laquelle les caisses régionales détiennent 54,4% du capital de CASA, en la dotant d'un conseil d'administration.

"Nous proposons (...) que la SAS La Boétie se dote d'un vrai conseil d'administration", a annoncé Jean-Paul Chifflet, soulignant que ce conseil d'administration "donnera plus de corps à la collectivité des caisses régionales actionnaires de Crédit agricole SA".

"La responsabilité ultime de la SAS La Boétie est d'être le garant de la cohérence entre le projet stratégique et sa mise en oeuvre", a insisté le secrétaire général de la FNCA.

La SAS La Boétie "réfléchit, elle oriente, elle fournit les fonds propres à hauteur de sa quote-part, elle est rémunérée, elle contrôle", a-t-il encore déclaré.

Dans son appel à une implication plus forte des caisses régionales, les responsables de l'organe politique de la Banque verte n'ont pas mâché leurs mots.

PLUS DE DÉBATS EN AMONT

Pour Jean-Paul Chifflet, "les orientations et décisions stratégiques, les choix structurants pour le groupe et les risques pris doivent être débattus en amont".

Cette volonté de reprise en main de Crédit agricole SA par les caisses régionales était perceptible depuis l'augmentation de capital de 5,9 milliards d'euros au début de l'été, qui a permis de recapitaliser Calyon à hauteur de 3,65 milliards d'euros.

Début octobre, tirant les enseignements de la crise financière, le Crédit agricole a procédé à un renforcement de son état-major en nommant, aux côtés de Jacques Lenormand et de Jean-Frédéric de Lausse, deux directeurs généraux délégués supplémentaires, Jean-Yves Hocher et Bernard Mary.

Bernard Mary, jusque-là patron de la riche caisse du Crédit agricole du Nord-Est, est une figure emblématique de la Banque verte, sa nomination laissant présager d'une implication plus forte des caisses régionales suite aux difficultés du groupe dans la banque d'investissement.

Calyon a enregistré entre octobre 2007 et juin 2008 une perte nette cumulée de 3,55 milliards d'euros sous le poids des dépréciations d'actifs liées à la crise des marchés du crédit.

Début septembre, la banque a entamé un recentrage de sa filiale de banque de financement et d'investissement sur des activités moins risquées comme les financements structurés, le courtage et les marchés de capitaux.

Le Crédit agricole a dans le même temps annoncé qu'elle abondonnait ses activités dans les dérivés de crédit, la principale cause des dépréciations.

Édité par Jean-Michel Bélot