Le titre gagnait 7,79% à 401,5 pence vers 13h50 GMT, son meilleur niveau depuis près de deux ans, au lendemain d'un article du Sunday Times selon lequel le fonds souverain du Qatar, Qatar Investment Authority (QIA), cherche à constituer un consortium en vue d'une offre d'achat de quelque huit milliards de livres (9,2 milliards d'euros).

Une source proche du fonds a démenti cette information lundi, affirmant que QIA ne préparait pas d'OPA, ce qui n'a pas empêché le titre de poursuivre son envolée.

Le fonds qatari, qui détient déjà 26% de la chaîne de supermarchés J Sainsbury dans le secteur est considéré comme l'un des plus gros investisseurs du monde, avec une capacité d'environ 30 milliards de dollars par an.

Selon des analystes du secteur et des investisseurs boursiers, Marks & Spencer (M&S) pourrait effectivement représenter une cible d'OPA pour les fonds souverain.

"M&S est une cible dans la mesure où son activité et ses résultats sont faibles et où ses investissements importants dans ses systèmes de ventes en ligne et de stockage, comme le changement d'équipe de sa division d'habillement, n'ont donné aucun résultat jusqu'ici", dit l'analyste indépendant Nick Bubb.

M&S n'a pas voulu faire de commentaire.

Fondé il y a 128 ans, le groupe a entrepris un coûteux plan de développement mais peine à relancer ses ventes et, en mai dernier, le directeur général Marc Bolland, nommé en 2010, a dû revoir ses objectifs triennaux à la baisse.

Malgré sa décision en juillet de nommer une nouvelle équipe de management pour redresser les ventes d'habillement et d'autres produits non alimentaires, la division dite "General Merchandise" n'en a pas moins vu son activité continuer de baisser pendant la période cruciale de Noël.

LE MARCHÉ EST DEVENU PLUS FAVORABLE À UNE OPA

Bien qu'un banquier évalue la probabilité d'une OPA à 5% seulement, certains analystes estiment que la récente amélioration du marché de la dette et les liquidités disponibles dans les fonds d'investissement favorisent une telle opération.

A son cours de clôture de vendredi (372,5 pence), Marks & Spencer affichait une capitalisation boursière de 6,01 milliards de livres; une OPA à huit milliards impliquerait donc une prime de plus de 30% pour les actionnaires.

Des spéculations d'OPA courent depuis plus de six mois.

En 2004, M&S avait résisté à une approche hostile de Philip Green, propriétaire du groupe Arcadia (Topshop, Bhs...), qui était prêt à mettre 9,1 milliards de livres sur la table.

Malgré ses difficultés persistantes, le groupe se porte incontestablement mieux qu'à cette époque. Mais d'éventuels repreneurs auraient d'autres obstacles encore à surmonter: fin septembre, M&S affichait ainsi un endettement net de 1,86 milliard de livres, sans compter un déficit de 290 millions de sterling pour les retraites.

Les murs du groupe ont certes de la valeur - leur dernière valorisation, en 2004, était de 3,6 milliards de livres - mais ils sont mis à contribution pour le financement du fonds de retraite du personnel.

M&S a pour lui une armée de petits actionnaires qui, après avoir tourné le dos à Philip Green il y a neuf ans, pourraient bien en faire autant avec les Qataris. Les actionnaires particuliers détiennent le quart du capital du distributeur.

Dinesh Nair, Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand

par Dinesh Nair et James Davey