(Actualisé avec réaction du PDG de Total)

BERRE-L'ETANG, Bouches-du-Rhône, 1er octobre - François Hollande s'est prononcé samedi en faveur d'une taxation exceptionnelle pour les groupes pétroliers et en particulier le groupe français Total, s'attirant une vive réplique de son P-DG qui rejette catégoriquement cette idée.

Le candidat à la primaire socialiste s'est exprimé en marge d'une rencontre avec les syndicats de la raffinerie LyondellBasell, en grève depuis mardi pour protester contre le projet de fermeture du site pétrolier de Berre-l'Etang, dans les Bouches-du-Rhône.

"Nous aurons une fiscalité particulière à rétablir sur les groupes pétroliers", a affirmé à la presse François Hollande.

Le favori des sondages dans la course à l'investiture du PS pour l'élection présidentielle de 2012 a pris en exemple le cas du groupe Total, trouvant anormal qu'il ait échappé à une "contribution exceptionnelle sur ses profits au moment de la crise".

Il souligne que Total, première société du pays par la capitalisation et qui réalisé des profits de dix milliards d'euros en 2010, ne paye pas l'impôt sur les sociétés en France, en ventilant ses profits légalement via des filiales dans divers pays étrangers.

Sur RTL, le PDG de Total Christophe de Margerie a vivement répliqué au candidat socialiste en précisant que sa société payait 800 millions d'euros par an en France au titre d'autres impôts.

Si Total ne paye l'impôt sur les sociétés, c'est parce qu'en France elle ne fait pas de profit car elle exerce principalement l'activité de raffinage, dit-il.

"Dire qu'on ne paye pas d'impôts, c'est une grave erreur parce que Total est une société internationale. On ne gagne pas 10 milliards d'euros, mais 20 milliards avant impôts et on paye 10 milliards d'impots dans les différents pays ou nous gagnons de l'argent", a-t-il dit.

"Ca serait tout-à-fait anormal et inconstitutionnel de payer en plus un impôt en France sur de l'argent que nous ne gagnons pas", a-t-il ajouté.

Lors de son déplacement, le favori des sondages pour la présidentielle de 2012 a dit par ailleurs soutenir l'intersyndicale de la raffinerie LyndellBasell.

"Nous devons garder une capacité de raffinage et de transformation importante sur notre territoire. Nous devons préserver ce potentiel pour avoir une diversification de nos énergies", a-t-il jugé.

La direction du groupe LyondellBasell basé aux Pays-Bas a annoncé la fermeture prochaine de cette raffinerie d'une capacité de 105.000 barils par jour, qui avait été mise en vente en mai sans trouver d'acquéreur.

Environ 370 emplois sont concernés.

François Hollande s'est toutefois défendu d'être "celui qui est venu dans les usines pour les promesses et qui en paie le contrecoup", allusion directe à Nicolas Sarkozy dont il n'a jamais cité le nom.

"C'est toujours bien quand les politiques, y compris en campagne, sont aux côtés de ceux qui les interpellent", a-t-il encore dit.

"Je n'ai pas de mandat particulier, j'en recherche un, j'espère qu'il me sera donné. Pour quelques mois, je n'ai que le pouvoir de la parole", a-t-il conclu. (Jean-François Rosnoblet, avec John Irish à Paris, édité par Jean-Loup Fiévet)

Valeurs citées dans l'article : LyondellBasell Industries NV, TOTAL