par Gilles Guillaume et David Jones

Le numéro deux français des spiritueux, propriétaire du cognac Rémy Martin, de la liqueur Cointreau et du champagne Piper-Heidsieck notamment, réalise aujourd'hui le tiers de son activité en Chine, où le cognac est extrêmement prisé.

Les urbains aisés aiment boire cette eau-de-vie premium au restaurant et le cognac fait partie des cadeaux de prestige offerts lors des mariages.

"Globalement, j'anticipe une croissance supérieure à 10% au moins sur les cinq à dix prochaines années sur le marché chinois. Je n'entrevois aucun ralentissement", a indiqué Jean-Marie Laborde.

"Si les taux de croissance dans le monde demeurent ce qu'ils sont aujourd'hui, il est certain que notre premier marché sera la Chine d'ici cinq ans", a-t-il ajouté.

L'action du groupe, stable avant ces déclarations, gagnait 1,7% à 45,39 euros vers 16h45. Depuis le début de l'année, le titre a pris 27% après un gain de 20% sur l'ensemble de 2009.

Le groupe est sorti en 2009 de sa co-entreprise de distribution Maxxium, une décision qui s'est accompagnée d'une pénalité de 220 millions d'euros mais dont Jean-Marie Laborde s'est encore félicité.

"Rémy Cointreau était le numéro un du cognac en Chine dans les années 1990, Maxxium a été créé en 1999, et dix ans plus tard nous nous sommes retrouvés numéro trois, c'est un fait, nous avons perdu du terrain", a-t-il rappelé.

"Au cours des 18 derniers mois, nous avons connu de loin la plus forte croissance sur ce marché, ce qui veut dire qu'un jour, nous retrouverons la position que nous occupions. Même si cela prend du temps."

PERFORMANCE SATISFAISANTE DEPUIS JANVIER

Le cognac, métier d'origine du groupe dont l'histoire remonte au 18e siècle, représente 50% des ventes et les deux tiers des profits. Rémy Martin a fusionné en 1990 avec Cointreau pour donner naissance à Rémy Cointreau.

Aux États-Unis, toujours premier marché de l'entreprise, l'activité a commencé à se redresser mais cette reprise s'annonce lente. En revanche, l'Europe a mieux résisté à la crise tandis que la partie orientale du continent est désormais sortie de la récession.

"Il ne fait aucun doute que l'économie mondiale redémarre aujourd'hui", a résumé Jean-Marie Laborde. "Je pense vraiment que le creux de la vague a été touché partout il y a un an et que nous avons renoué maintenant avec des tendances plus favorables."

Rémy Cointreau se dit ainsi relativement satisfait de sa performance depuis le début de l'exercice, entamé le 1er avril dernier, tout en répétant qu'il était trop tôt à ce stade pour communiquer publiquement des objectifs.

La division champagne, particulièrement malmenée par le ralentissement économique et qui a accusé une perte de quatre millions d'euros l'an passé, devrait quant à elle retrouver l'équilibre sur l'exercice à mars 2011.

"La récession a été plus douloureuse pour le champagne que pour n'importe quelle autre catégorie dans le monde, comme c'est toujours le cas. Chaque fois qu'il y a une récession mondiale, le champagne est le meilleur baromètre", a souligné le directeur général de Rémy Cointreau.

Le groupe est détenu à 57% par les familles Hériard Dubreuil et Cointreau, tandis que 42,6% du capital se trouve dans le public. Jean-Marie Laborde a précisé que les familles actionnaires étaient "totalement investies dans l'activité et que leur soutien était entier".

En poste depuis 2004, Jean-Marie Laborde est le premier directeur général qui ne soit pas issu des familles fondatrices. Il a fait l'essentiel de sa carrière dans le secteur puisqu'il a travaillé auparavant chez LVMH pendant huit ans, après 20 années au sein de Pernod Ricard.

Edité par Jean-Michel Bélot