par Cyril Altmeyer et Benjamin Mallet

La condamnation du site internet d'enchères a été ramenée à 5,7 millions d'euros, au lieu des 38,5 millions d'euros contenus dans un jugement du tribunal de commerce de Paris datant de juin 2008, contre lequel eBay avait fait appel.

Ebay, qui avait versé la somme à l'époque au titre de l'exécution provisoire des sanctions financières demandée par le tribunal, va récupérer la différence, soit quelque 33 millions d'euros.

Le numéro un mondial des enchères en ligne se voyait reprocher de diffuser des produits contrefaits de Christian Dior Couture et de distribuer des parfums hors d'un circuit agréé.

Il s'agissait du premier jugement d'une telle ampleur sur la vente de produits de marque sur internet. Les juges avaient estimé en première instance qu'eBay ne pouvait pas se retrancher derrière le fait qu'il ne faisait que mettre en contact acheteurs et vendeurs.

POURSUITES À L'ÉTRANGER POSSIBLES

Dans sa décision, que Reuters a pu consulter, la Cour d'appel considère que sa compétence ne peut s'étendre aux territoires autres que la France et les sites britanniques et américains.

"Il incombe à la société Christian Dior Couture de montrer le lien, l'impact économique, que chacun des sites nationaux est susceptible d'avoir en France, pour fonder la compétence à leur égard des juridictions nationales", y lit-on.

Un porte-parole de LVMH n'a pas souhaité indiquer si le groupe comptait entamer des poursuites contre eBay à l'étranger.

"Sur le principe de la responsabilité, cet arrêt confirme la décision rendue le 30 juin 2008", a fait valoir le groupe dans un communiqué.

Le tribunal de commerce avait estimé en juin 2008 qu'eBay avait commis "des fautes graves en manquant à ses obligations de s'assurer que ses activités ne généraient pas des actes illicites".

"La raison l'a enfin emporté dans cette affaire", a déclaré à Reuters Yohan Ruso, directeur général d'Ebay France. "La cour vient de confirmer que eBay est une plate-forme sûre et digne de confiance".

L'action LVMH gagnait 1,67% à 98,08 euros en fin de séance.

Avant LVMH, Hermès avait aussi obtenu gain de cause face à eBay, mais pour une somme très inférieure. Le site avait été condamné par le tribunal de grande instance de Troyes à payer 20.000 euros de dommages et intérêts au groupe de luxe de la rue Saint-Honoré.

Les juges commerciaux avaient sanctionné la vente par eBay de produits contrefaits imitant la maroquinerie de Louis Vuitton Malletier et les vêtements de Dior Couture. Ils avaient également sanctionné la vente d'authentiques parfums et produits de beauté de marques Dior, Kenzo, Guerlain et Givenchy, au motif que LVMH n'avait pas choisi ce diffuseur.

Edité par Marc Angrand