par Pascale Denis

Le groupe familial, dans le capital duquel LVMH a fait irruption il y a trois semaines, aime être là où on ne l'attend pas.

Le magasin, installé dans une ancienne piscine des années trente jouxtant l'hôtel Lutetia, accueille le visiteur par une imposante boutique de fleuriste offrant sa vitrine sur la rue.

L'immense espace baigné par la lumière de trois verrières est habillé au niveau bas de l'atrium, couvrant l'ancien bassin, par trois huttes aux lames de bois tressées qui abritent chacune lampes, mobilier et vaisselle. L'univers de la maison s'étend aux tapis, aux rideaux et aussi aux papiers peints.

Au total, cet univers occupe 40% de la surface de vente, une première pour Hermès et un choix qui peut paraître risqué compte tenu des faibles taux de croissance affichés par exemple par les arts de la table, dont les ventes se redressent à peine après avoir particulièrement souffert de la crise.

Sur la mezzanine du rez-de-chaussée, un espace librairie consacré aux livres d'art a été aménagé tandis qu'un peu plus loin, un salon de thé peut accueillir une trentaine de personnes.

Hermès, très attaché à son image de luxe non ostentatoire teinté de poésie, aime parler de culture de l'artisanat transmise en héritage, de bel objet, de respect des hommes. Une certaine philosophie du luxe qui fait, dit-il, l'"âme" de la maison.

VÉLLÉITÉS DE LVMH

"Nous avons toujours veillé à avoir une stratégie de valeur et pas de volume (...) La philosophie d'Hermès, ce n'est pas une philosophie financière. Le profit récompense le travail bien fait. Ce n'est pas une stratégie de grand groupe financier", a souligné Patrick Thomas, gérant d'Hermès, devant des journalistes.

Une allusion à peine voilée à LVMH qui pourrait avoir, en bonne logique financière, des velléités de doper la rentabilité en mutualisant les coûts d'achats d'espace, les loyers ou les achats de peaux.

Pour Patrick Thomas, le modèle d'Hermès est un modèle "vertueux et humaniste" dans lequel "l'épanouissement est un élément clé du management".

"Ce n'est pas du tout un vestige du passé et c'est un modèle qui permet de créer de la richesse", a-t-il insisté.

Patrick Thomas, 63 ans, a également indiqué qu'il n'y avait pas de limite d'âge prévue pour la fonction de gérant. Il est le premier dirigeant du groupe qui ne soit pas issu de la famille Hermès.

"La famille choisira le meilleur pour le remplacer (le gérant), qu'il soit de la famille ou non", a-t-il dit.

Il a réaffirmé que les actionnaires familiaux, descendants du fondateur Thierry Hermès et qui détiennent 73% du capital, était protégés par le statut de commandite de l'entreprise.

Il avait indiqué, début novembre, que le groupe réfléchissait aux possibles moyens de défense face à une arrivée de LVMH perçue comme hostile.

Avocats et analystes ont évoqué la possibilité pour les actionnaires familiaux de sécuriser leur participation en la regroupant dans une holding non cotée, à l'image de celle qui existe au sein de la famille Mulliez chez Auchan.

Le magasin qui s'étend sur 1.400 mètres carrés, est le deuxième plus grand magasin du groupe, qui compte un réseau de 334 magasins dans le monde, dont 33 en France.

Edité par Jean-Michel Belot