Milan (awp/afp) - La compagnie aérienne en difficulté Alitalia sera "vendue au plus offrant", a souligné mercredi le ministre italien des Transports, tandis que son homologue du Développement économique jugeait "intéressante" une éventuelle reprise partielle par Lufthansa.

Après le rejet par les salariés d'un plan de restructuration prévoyant 1.700 suppressions d'emplois -- sur 12.500 -- et des baisses de salaire, Alitalia se trouve au bord du gouffre.

Son conseil d'administration a demandé mardi à l'Etat italien la nomination d'administrateurs, chargés de trouver des repreneurs ou d'organiser la liquidation de la compagnie.

"La chose la plus plausible est qu'on se dirige vers une brève période d'administration extraordinaire qui pourrait se conclure en six mois avec une vente partielle ou totale des actifs d'Alitalia, ou la liquidation", a résumé le ministre du Développement économique, Carlo Calenda.

"L'entreprise sera vendue au plus offrant (...) Mais Alitalia est affaiblie par l'issue du référendum et les concurrents ne feront pas de cadeau", a pronostiqué son collègue des Transports, Graziano Delrio, dans une interview au quotidien La Stampa.

Le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, a d'ailleurs répété mercredi que "les conditions n'(étaient) pas réunies pour une nationalisation". Selon M. Calenda, la compagnie a déjà coûté 7,4 milliards d'euros aux contribuables italiens.

Interrogés sur une possible vente, au moins partielle, à la compagnie allemande Lufthansa, M. Delrio a souligné que le gouvernement n'y était pas opposé. M. Calenda a estimé, lui, qu'une telle hypothèse "serait intéressante à explorer".

La compagnie allemande, interrogée par l'AFP, s'est refusée à tout commentaire sur ces "spéculations".

Seule intervention publique envisagée: un prêt relais de 300 à 400 millions d'euros, si Bruxelles donne son feu vert, afin de permettre à la compagnie de continuer à voler pendant six mois, jusqu'à son éventuelle reprise, a expliqué M. Calenda.

Selon les médias italiens, une faillite d'Alitalia mettrait en péril quelque 20.000 emplois, les 12.500 salariés de la compagnie aérienne et quelque 8.000 sous-traitants.

Alitalia subit de plein fouet la concurrence des compagnies à bas coût et accumule les pertes depuis des années.

"L'opinion publique italienne est contraire à une intervention de l'Etat", a reconnu lors d'une conférence de presse Antonio Piras, un responsable du syndicat CISL (catholique).

Et s'il a assuré que de nombreux employés s'étaient "repentis" au lendemain du vote, il a estimé que la crise actuelle était d'abord due à "une direction incompétente".

Un plan de relance décidé lors de l'entrée au capital de la compagnie émiratie Etihad en 2014 prévoyait ainsi 20 nouveaux avions sur les lignes long-courrier, or "seuls deux avions long-courrier ont été pris en leasing", a-t-il accusé.

M. Calenda lui-même n'a pas été tendre sur le sujet: "La direction d'Alitalia s'est tellement trompée et l'a aussi fait avec une certaine dose d'arrogance", a-t-il lancé sur Radio 24.

afp/rp