Zurich (awp) - Lindt & Sprüngli a amélioré son bénéfice et la rentabilité l'an dernier. Le fabricant de chocolats compte verser un dividende majoré pour son 175e anniversaire, largement au-dessus des estimations du consensus. Mais les pralinés et les tablettes risquent de coûter bientôt plus cher aux consommateurs.

Le chocolatier de Kilchberg a vu son excédent d'exploitation (Ebit) diminuer de 6,9% à 593 millions de francs suisses. En excluant les coûts de la réorganisation aux Etats-Unis, il a grossi de 6,0% à 675 millions de francs suisses, selon le communiqué publié mardi. La marge afférente a atteint 15,0%, contre 14,8% l'année précédente.

Le bénéfice net a lui augmenté de 5,1% à 512 millions de francs suisses grâce à un allègement fiscal suisse qui a plus que compensé les coûts de la restructuration américaine.

Ces résultats se situent dans la fourchette des prévisions formulées par les analystes consultés par AWP.

Le groupe a également confirmé ses ventes, annoncées en janvier, à 4,51 milliards de francs suisses en 2019, soit une progression de la croissance organique de 6,1%. En francs suisses, les ventes ont augmenté de 4,5%. Les trois régions Europe, Amérique du Nord et Reste du monde y ont contribué.

Hausse possible des prix

Concernant le coronavirus, le directeur général de Lindt & Sprüngli, Dieter Weisskopf, considère actuellement que les conséquences sur l'entreprise sont minimes. La région Reste du monde, qui comprend notamment la Chine, représente seulement 13% du chiffre d'affaires du groupe. "De toute façon débute la période durant laquelle la consommation de chocolat dans ces pays diminue en raison de la chaleur", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.

S'il constate des baisses de ventes dans les zones touristiques ou les aéroports, les objectifs de l'année ne sont pas menacés. Au niveau de la production, faite exclusivement en Europe et aux Etats-Unis, Lindt se dit aussi bien armé. Les chocolats de Pâques ont déjà été livrés, a déclaré M. Weisskopf.

En revanche, les consommateurs pourraient bientôt payer leurs douceurs plus cher. En ce moment, une tonne de fèves de cacao s'élève à 2600 dollars (quasiment autant en francs suisses). Le Ghana (où le fabricant s'approvisionne à 70-80%) et la Côte d'Ivoire veulent imposer une prime de 400 dollars par tonne, soit une hausse de 15%. "Cela rendra bien sûr le chocolat plus cher, non seulement pour nous mais pour toute l'industrie", a expliqué le CEO.

Dividende majoré

En raison de la performance 2019, le fabricant de pralinés et de tablettes de chocolat va proposer un dividende majoré de 75%, soit 1750 francs suisses par nominative et 175 francs suisses par bon de participation. Les analystes tablaient sur une rémunération des actionnaires de 108,28 francs suisses.

Lindt & Sprüngli confirme son objectif de croissance organique des ventes à moyen et long terme de 5 à 7%, et une amélioration de la marge opérationnelle de 20 à 40 points de base. En 2020, il veut poursuivre ses plans d'expansion.

Morgan Stanley a salué des résultats solides, alignés sur les attentes. La contraction des marges en Europe et dans le reste du monde a toutefois été plus forte que prévu, en raison des droits de douane à l'importation et la pression sur les prix.

Jean-Philippe Bertschy de Vontobel note que la restructuration des activités aux Etats-Unis va profiter à toute l'organisation dans les années à venir. Mais les incertitudes sur le prix du cacao demeurent.

Patrik Schwendimann de la Banque cantonale de Zurich souligne que les prix des matières premières devraient augmenter modérément en 2020, mais que ce ne sera pas un problème. La question sera de savoir ce qu'il en sera en 2021, en raison de la prime que paiera l'industrie aux producteurs de cacao cet automne.

Baader Helvea prend note du dividende du jubilé, mais se dit réservé sur l'attractivité à moyen terme du secteur, alors que la tendance à des aliments plus sains se fait jour.

A la clôture, le bon de participation a pris de 6,3% à 8020 francs suisses et la nominative de 5,9% à 88'000 francs suisses, dans un SPI en hausse de 2,1%.

ck/al