Toujours très attendus, les résultats des constructeurs permettent de prendre le pouls du secteur immobilier, et plus généralement de l’économie aux Etats-Unis. A cet égard, pas d’inflexion majeure au niveau de la performance commerciale et financière de Lennar, toujours en phase avec la dynamique plutôt porteuse observée ces dernières années.

Bien placé sur les marchés les plus dynamiques du continent, notamment le Texas et la Floride, le management confesse pourtant observer un ralentissement de l’activité lié bien sûr aux taux d’intérêts ; il maintient cependant son objectif de délivrer 80 000 maisons cette année, soit 7 000 de plus que l’année dernière et 11 000 de plus qu’en 2022.  

Le groupe, surtout, est en voie rapide de désendettement. Comme en la matière ses objectifs ont été atteints plus rapidement que prévu, il s’est engagé ensuite dans un très agressif programme de rachats d’actions, avec encore 3.8 millions de titres sortis de la cote ces trois derniers mois à un cours moyen de $158. 

Lennar présente en conséquence un bilan extrêmement solide, dont la liquidité devrait encore s’améliorer avec le spin-off en préparation des actifs fonciers pour un montant estimé entre $6 et $8 milliards. Il serait intéressant que ces montants soient redirigés vers de nouveaux rachats d’actions massifs.

L’ensemble de ces développements positifs ont renvoyé la valorisation du titre sur sa moyenne à dix ans de dix fois les profits, après qu’il ait touché à deux reprises un plus-bas de cinq fois les profits — en pleine panique du Covid et deux ans plus tard alors que les premières remontées de taux affolaient  le marché.

Remarquablement, Berkshire Hathaway a profité de cette conjoncture passagère pour effecter un trade « momentum » aussi astucieux que profitable : le conglomérat de Warren Buffett avait acquis des titres sur ce second repli dans Lennar, ainsi que dans DR Horton et NVR, mais il a soldé ces positions depuis après avoir réalise de solides plus-values.

Juste à temps pourrait-on penser, puisque les dernières recherches — entre autres les rapports de Bloomberg, de Wells Fargo et de Morgan Stanley — semblent indiquer une inflexion du marché de l’immobilier, avec des inventaires de maisons existantes à vendre qui repartent à la hausse après des années de disette. 

Soucieux de préserver leurs situations privilégiées, les propriétaires qui avaient sécurisé des taux d’emprunt très bas hésitaient en effet à vendre. Cet effet de pénurie sur le marché de l’existant, on s’en doute, avait grandement profité aux constructeurs de maisons neuves.