par Tim Hepher et Ben Berkowitz

Airbus, la principale division du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS, a souligné qu'il s'agissait de la plus grande commande, en dollars, jamais passée dans l'histoire du secteur.

Ce succès face au constructeur américain Boeing est venu compenser les difficultés de l'entreprise dans d'autres domaines alors qu'une autre division d'EADS, Eurocopter, enregistre des déconvenues sur certains de ses programmes d'hélicoptères.

Sur la base des prix catalogue, purement indicatifs, la commande d'Emirates peut être estimée à 11,09 milliards de dollars (9,3 milliards d'euros). Ce calcul est néanmoins à considérer avec prudence, les compagnies parvenant souvent à obtenir des remises sur les commandes d'importance.

La transaction porte à 90 le nombre d'A380 commandés par la compagnie. Son directeur général, le cheikh Ahmed Ben Saïd Al Maktoum, espère d'ailleurs que la totalité des appareils A380 seront livrés d'ici à 2017.

"Notre dernier engagement illustre la confiance d'Emirates dans la croissance à venir", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

De fait, la taille de la nouvelle commande d'Emirates a stupéfait ses concurrents.

"C'est déjà pour beaucoup d'entre nous un miracle qu'Emirates détienne plus de sièges sur les liaisons intercontinentales qu'Air France-KLM et British Airways réunis avec un marché intérieur relativement petit", a noté Wolfgang Mayrhuber, président du directoire de Lufthansa.

"On doit présumer qu'il ne s'agit pas d'un investissement pour les Emirats arabes unis mais d'un investissement pour le monde", a-t-il ajouté.

234 COMMANDES D'A380

L'action EADS a gagné 0,59% à 16,22 euros mardi à la Bourse de Paris dans un marché toujours plombé par les craintes relatives à la gestion de la crise de la dette souveraine.

Airbus recense désormais 234 commandes d'A380 et son responsable des ventes, John Leahy, qui prévoyait auparavant 20 commandes du très gros porteur cette année, a indiqué qu'un chiffre plus élevé était désormais envisageable.

A la commande géante d'Emirates s'ajoute également celle de la compagnie brésilienne TAM pour 20 monocouloirs A320 et cinq long courriers A350-900, un engagement dont la valeur totale est estimée à 2,9 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros), également sur la base du prix catalogue.

Le salon de Berlin, organisé une fois tous les deux ans, est souvent éclipsé par des événements de plus grande ampleur mais EADS a décidé de l'utiliser comme tremplin promotionnel pour son avion de transport militaire A400M en retard de près de quatre ans.

Après des mois de négociations - qui ont remis en cause l'existence même de ce programme de 31,2 milliards d'euros -, un accord sur le financement entre EADS et les pays clients a été trouvé début mars.

Un responsable allemand a toutefois déclaré que les ministres des pays clients de l'A400M n'avaient pas discuté en détail d'un amendement au contrat justement prévu dans le cadre de l'accord lors d'une réunion mardi.

HARO SUR LA TAXE ALLEMANDE

La première journée du salon aéronautique de Berlin a également été marquée par la volonté du gouvernement allemand de mettre en place une nouvelle taxe sur le prix des billets d'avions au départ de l'Allemagne.

Ce projet, qui pourrait apporter jusqu'à un milliard d'euros par an dans les caisses de l'Etat allemand, entre dans le cadre d'un vaste plan de réduction des dépenses annoncé lundi par le gouvernement.

L'Iata, l'Association internationale du transport aérien a fustigé ce projet fiscal allemand.

"La partie la plus vulnérable du secteur est en Europe. La dernière chose dont le secteur a besoin ici en Europe c'est de taxes supplémentaires et de mesures qui ralentiront la croissance économique", a déclaré Brian Pearce, chef économiste de l'Iata.

Avec la contribution de Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot