San Francisco (awp/afp) - Le géant des microprocesseurs Broadcom, dont le siège est actuellement à Singapour, le transfèrera aux Etats-Unis le 3 avril, a-t-il annoncé lundi alors que sa fusion avec son rival américain Qualcomm semble susciter les réticences des autorités aux Etats-Unis.

Ce transfert aura donc lieu juste avant l'assemblée générale des actionnaires de Qualcomm qui doivent se prononcer sur les approches de Broadcom et qui est prévue pour le 5 avril.

Cette fusion, qui, à 117 milliards de dollars, serait l'une des plus importantes jamais réalisées, est actuellement en suspens en raison de l'intervention du comité américain sur les investissements étrangers (CFIUS) qui a décidé début mars de l'examiner sous l'aspect de la sécurité nationale.

Dans une lettre adressée par le CFIUS à Broadcom et publiée par le Wall Street Journal, celui-ci reproche à Broadcom de ne pas avoir tenu compte d'une injonction lui intimant de cesser toute initiative visant à promouvoir ses intérêts dans cette opération.

"Plus spécifiquement, à au moins trois reprises, Broadcom a pris des initiatives concernant sa domiciliation sans en informer avec un préavis de cinq jours le CFIUS comme il était requis", indique la lettre.

Le CFIUS indique également que ses investigations "jusqu'à présent confirment les risques pour la sécurité nationale" identifiés dans la lettre qu'il avait fait parvenir à Broadcom le 5 mars, ajoutant que "cette enquête devrait être close rapidement", sans toutefois donner de date.

- Intel en lice ? -

"La proposition de Broadcom d'acquérir Qualcomm s'est toujours appuyée sur la domiciliation annoncée précédemment", a toutefois souligné Broadcom dans un communiqué lundi. "En résumé, les considérations de sécurité nationale ne peuvent être considérées comme un risque pesant sur le sort de la fusion car Broadcom n'a jamais envisagé acquérir Qualcomm avant d'avoir terminé sa domiciliation", poursuit-on de même source.

La décision de Broadcom de revenir aux Etats-Unis avait été annoncée par son PDG Hock Tan à l'issue d'une entrevue à la Maison Blanche en novembre avec le président Donald Trump.

Broadcom avait initialement son siège aux Etats-Unis lorsque le groupe a été créé en 1991 mais celui-ci avait été transféré à Singapour lors de son acquisition en 2015 par Avago qui avait toutefois décidé de garder le nom de Broadcom pour la nouvelle entité.

En raison de l'intervention du CFIUS, l'assemblée générale des actionnaires de Qualcomm, prévue initialement le 6 mars, avait été reportée d'un mois. Ces derniers doivent se prononcer sur l'élection d'administrateurs proposés par Broadcom pour remplacer certains membres actuels du Conseil d'administration.

Par ailleurs, le Wall Street Journal a indiqué que le géant américain des microprocesseurs Intel serait en train de réfléchir à une éventuelle offre sur Broadcom pour déjouer les visées de ce dernier sur Qualcomm.

Une fusion Broadcom/Qualcomm donnerait naissance au 3e groupe le plus important du secteur derrière le premier, Intel, et le sud-coréen Samsung.

Qualcomm étant engagé par ailleurs dans l'acquisition du néerlandais NXP, spécialisé dans les microprocesseurs pour l'industrie automobile, une fusion avec Broadcom viendrait concurrencer directement Intel dans ce secteur particulièrement important en raison des développements et innovations concernant les véhicules autonomes.

afp/rp