Les societes chinoises cotees en bourse se depechent de racheter des actions et d'augmenter les dividendes en reponse aux appels des regulateurs qui font echo aux efforts de reforme au Japon et en Coree du Sud, entrainant un rallye bienvenu meme si les investisseurs doutent que des changements plus importants en matiere de gouvernance se preparent.

Les entreprises chinoises cotees en bourse ont annonce des dividendes en especes record d'un montant total de 2 200 milliards de yuans (300 milliards de dollars) pour 2023, malgre une baisse des benefices combines, selon les donnees officielles. Plus de 100 societes cotees en bourse ont rendu de l'argent aux investisseurs pour la premiere fois.

Parallelement, un nombre croissant d'entreprises devoilent des programmes de rachat d'actions pour eviter d'etre radiees de la cote ou de se voir imposer d'autres sanctions dans le cadre de regles plus strictes.

Les mesures prises par la Chine, annoncees en mars et destinees a ameliorer le rendement pour les investisseurs, ont declenche un solide rebond des actions - l'indice de reference CSI300 a progresse de pres de 17 % par rapport a son niveau le plus bas depuis cinq ans, atteint en fevrier.

Elles ont egalement suscite des comparaisons avec les efforts deployes par la Bourse de Tokyo pour ameliorer l'efficacite des capitaux, qui ont permis au Nikkei d'atteindre des sommets inegales.

Mais un rallye a la japonaise est peu probable, car les reformes chinoises ont suscite le scepticisme des gestionnaires de fonds, qui estiment qu'il s'agit davantage de sauver le marche que d'ameliorer la gouvernance d'entreprise.

Les entreprises controlees par le gouvernement, qui representent environ 30 % de la capitalisation boursiere en Chine et a Hong Kong, sont sous l'emprise du parti communiste chinois au pouvoir, ce qui pourrait poser des problemes de conflit d'interets avec les actionnaires non etatiques.

Au Japon, les entreprises ont commence a se defaire de leurs participations strategiques dans le cadre des reformes en cours visant a les orienter davantage vers le marche.

La restitution de l'argent a touche une corde sensible chez les investisseurs qui "ont reclame des dividendes exceptionnels et davantage de rachats", a declare Yang Tingwu, gestionnaire de fonds chez Tongheng Investment.

Cependant, "les entreprises chinoises ont encore un long chemin a parcourir en termes de gouvernance d'entreprise", a-t-il ajoute. Sous la houlette de Wu Qing, le principal regulateur des marches boursiers chinois, les societes cotees en bourse sont poussees a s'engager davantage aupres des investisseurs et a ameliorer les rendements.

Cela ressemble a la reforme des entreprises au Japon et au programme "Value Up" en Coree du Sud, a declare John Pinkel, partenaire du fonds speculatif Indus Capital, base a New York, qui a recemment ajoute une exposition a la Chine.

"Le denominateur commun de ces positions est qu'elles disposent toutes d'importantes liquidites, qu'elles rachetent des actions ou augmentent les dividendes, et que nous apprecions leurs modeles d'entreprise.

PAYOUT

Dans le cadre de la campagne pour la Chine, de nombreuses entreprises ont ete contraintes de verser des dividendes.

Jason Hsu, president et directeur des investissements de Rayliant Global Advisors, a declare que les entreprises japonaises reagissaient bien au baton et que la meme strategie fonctionnait egalement en Chine, ou les regulateurs esperent proteger les petits investisseurs.

Jilin Expressway Co et Fangda Special Steel Technlogy, par exemple, n'avaient pas l'intention de verser des dividendes, mais ont modifie leurs plans pour restituer de l'argent aux investisseurs a la suite des questions posees par la Bourse de Shanghai.

En outre, des entreprises telles que Chongqing DIMA Industry Co , SafBon Water Service et Infund Holding Co se sont empressees de devoiler des plans de rachat d'actions apres avoir ete averties par les bourses qu'elles pourraient etre radiees de la cote si le cours de leurs actions restait durablement bas.

Il est certain que les inquietudes persistent, en particulier en ce qui concerne les entreprises publiques, qui sont chargees de responsabilites sociales souvent contraires aux interets des actionnaires.

Et si la reprise du marche boursier japonais a ete favorisee par les entrees de capitaux etrangers, la Chine est toujours confrontee a des vents geopolitiques contraires et les gestionnaires de fonds mondiaux restent nerveux.

"Lorsqu'il s'agit de societes chinoises, en tant qu'investisseur occidental minoritaire, vous n'etes pas en tete des priorites", a declare Sunil Krishnan, responsable des fonds multi-actifs chez Aviva Investors, a Londres.

"Il s'agit la d'un facteur structurel que les investisseurs occidentaux doivent reconnaitre et accepter. Malgre tout, les investisseurs ont empoche des gains au fur et a mesure que les marches prenaient en compte les progres realises.

"La facon dont je considere la gouvernance chinoise est que, oui, les Chinois ont encore un long chemin a parcourir pour s'ameliorer et ils essaient de le faire", a declare Chi Lo, stratege principal des marches chez BNP Paribas Asset Management. (Reportage de Samuel Shen et Summer Zhen, edition de Tom Westbrook et Shri Navaratnam)