Zurich (awp) - Affichant comme attendu des revenus en baisse l'an dernier, Holcim a pu préserver sa rentabilité opérationnelle. Le géant zougois des matériaux de construction, qui a souffert de la cession de ses activités dans le ciment en Inde et au Brésil, a dégagé un résultat d'exploitation avant intérêts et impôts (Ebit) récurrent record de 4,76 milliards de francs suisses, à la faveur d'une infime hausse de 0,2%.

Le chiffre d'affaires net s'est par contre contracté de 7,5% à 27,09 milliards de francs suisses, a précisé mercredi Holcim. Outre les cessions, la recul s'explique aussi par la vigueur du franc. A taux de change et périmètre de consolidation constants, les revenus ont présenté une croissance de 6,1%.

Le bénéfice net a quant à lui chuté de 7,5% à 3,06 milliards. En 2022, Holcim avait engrangé un gain exceptionnel de 1,5 milliard issu de la vente des activités de production de ciment en Inde. Alors que l'Ebit récurrent, indicateur de référence utilisé par le géant basé à Zoug qui ne tient pas compte d'éléments uniques tels que les charges de restructuration, ni les dépréciations d'actifs, a augmenté marginalement, la marge correspondante est passée de 16,3% à 17,6% sur l'exercice sous revue.

Le groupe, qui depuis 2018 a diversifié ses activités en multipliant les acquisitions - notamment dans le domaine de l'étanchéité et de la couverture - et cédant des actifs dans la production de ciment, a vu sa dette financière nette grimper à près de 7,9 milliards, contre 6,03 milliards à fin 2022.

Plus de dividende

Les actionnaires bénéficieront du solide résultat, le conseil d'administration leur proposant lors de la prochaine assemblée générale ordinaire le versement d'un dividende réhaussé de 30 centimes à 2,80 francs suisses par action. Holcim entend aussi lancer cette année un nouveau programme de rachat d'actions à hauteur de 1 milliard de francs suisses.

La performance s'est révélée supérieure aux attentes des analystes. Sondés par l'agence AWP, les experts avaient en moyenne anticipé des revenus nets de 26,98 milliards de francs suisses, un Ebit récurrent de 4,72 milliards et un dividende de 2,66 francs suisses par action.

Ventilées selon les régions, les ventes en Europe ont affiché la croissance la plus forte, en progression de 6%, devant l'Amérique du Nord (+5,9%), dont Holcim prévoit une autonomisation des affaires et leur introduction en Bourse l'an prochain, et l'Amérique latine (+0,3%). En revanche, la zone Asie, Moyen-Orient et Afrique a vu ses revenus plonger de 43%. Ceux de l'activité des mortiers et autre enduits de couverture et d'étanchéité, Solutions & Products, ont crû de 1,6% à 5,61 milliards.

Evoquant l'exercice en cours, Holcim se veut optimiste, tablant sur de nouveaux progrès. Le chiffre d'affaires devrait présenter une croissance organique supérieure à 4%. De nouvelles acquisitions devraient quant à elles contribuer à une hausse supplémentaire de plus de 2%. L'Ebit récurrent sur une base comparable devrait en parallèle augmenter plus que proportionnellement et la marge afférente grimper à 18%. Le flux de liquidités disponibles devrait lui dépasser les 3 milliards de francs suisses.

Plans américains dévoilés au 2e semestre

Quant à l'autonomisation des activités nord-américaines, le directeur général sortant et président Jan Jenisch a promis des informations complètes au 2e semestre. De l'avis de M. Jenisch, qui cèdera le 1er mai les commandes opérationnelles d'Holcim à Miljan Gutovic, l'opération n'entraînera pas de coûts élevés.

Après avoir avalé pas moins de 28 entreprises l'an dernier et 72 en l'espace de cinq ans - 80% des sociétés ciblées étant en mains familiales - l'ogre des matériaux de construction entend poursuivre ses emplettes à un rythme soutenu, a poursuivi M. Jenisch. Entre 20 et 30 reprises figurent au menu de 2024.

Les investisseurs se sont montrés hésitants, le titre clôturant en repli de 0,1% à 70,74 francs suisses, alors que l'indice vedette SMI a abandonné 0,23%.

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