Dennis Lockhart, le président de la Fed régional d'Atlanta, qui vote cette année lors des réunions de politique monétaire, s'est dit "un peu réticent à ce stade sur l'activation de nouvelles mesures" incluant des achats supplémentaires d'actifs financiers.

De même, le président de la Fed de Richmond, Jeffrey Lacker, a estimé qu'une nouvelle relance monétaire de la part de la Fed ne ferait qu'accélérer l'inflation et ne serait pas très efficace pour activer la croissance et faire baisser le chômage.

Mais leur homologue à la Fed de Chicago, Charles Evans, partisan de longue date d'une nouvelle phase d'"assouplissement quantitatif" (QE), a jugé que la banque centrale disposait d'une "énorme" marge de manoeuvre lui permettant d'assouplir sa politique, notamment parce que les Etats-Unis ne risquent pas selon lui une "flambée" inflationniste.

La Fed a abaissé fin 2008 ses taux d'intérêt pratiquement à zéro et elle a ensuite acheté pour 2.300 milliards de dollars (1.750 milliards d'euros environ) de titres à long terme sur les marchés pour soutenir la croissance, une politique sans précédent dans son histoire.

"Je pense que nous devons étudier désormais l'évolution de la situation économique", a dit Dennis Lockhart sur la chaîne de télévision CNBC, précisant que les derniers indicateurs économiques ne l'avaient pas conduit à revoir ses prévisions.

"Il y a tellement de choses que nous pouvons faire pour stimuler la demande de prêts et modifier l'appétit pour le risque du système financier et des banques", a-t-il expliqué. "Je ne suis donc pas certain qu'en ce moment une augmentation (...) des mesures de soutien, sous forme d'assouplissement quantitatif par exemple, aurait un effet si important que cela."

La banque centrale américaine a réaffirmé la semaine dernière qu'elle prévoyait de maintenir des taux "exceptionnellement bas" au moins jusqu'à la fin 2014.

Jeffrey Lacker, seule voix dissidente lors des trois réunions de la Fed qui ont eu lieu depuis le début de l'année, est opposé à la volonté de la banque centrale américaine de maintenir les taux d'intérêt proches de zéro au moins jusqu'à la fin 2014.

Le président de la Fed de Richmont, très vigilant sur l'inflation, estime que la croissance économique va se raffermir au fil de l'année malgré le taux plus faible que prévu de 2,2% annoncé pour le premier trimestre.

Il estime en particulier que la fermeté des dépenses de consommation est de bon augure. Pour lui, les taux devront monter vers la mi-2013 pour contrer l'inflation.

Pour Charles Evans, en revanche, "un effet bénéfique de nouveaux achats d'actifs serait d'exprimer l'idée que nous sommes déterminés à maintenir une politique très souple pendant le temps nécessaire pour remettre en marche l'économie".

"Des achats supplémentaires réaffirmeraient cet engagement, au-delà de l'effet lui-même de ces achats sur les taux à long terme", a-t-il ajouté.

Charles Evans a plaidé pour l'adoption d'un "coussin" d'inflation qui serait autorisée jusqu'à 3% qui permettrait aux autorités de soutenir la croissance.

Pour Dennis Lockhart, l'inflation peut dépasser "un peu" les 2%. Il dit en revanche qu'il serait préoccupé si elle devait être de 3% ou plus.

De son côté, John Williams, président de la Fed de San Francisco, a estimé qu'une nouvelle phase d'assouplissement quantitatif pourrait être nécessaire si le taux de chômage restait "bloqué" autour de 8% ou si l'inflation tombait sous l'objectif de 2% que s'est fixé la banque centrale.

S'exprimant lors d'une conférence à Los Angeles, il a précisé ne pas s'attendre à ce qu'une telle initiative soit nécessaire.

Pedro Nicolaci da Costa et Tim Reid; Marc Angrand et Danielle Rouquié pour le service français