Fannie Mae et son concurrent Freddie Mac détiennent ou garantissent la moitié environ de l'encours total du crédit immobilier aux Etats-Unis. La dégradation de ce marché a contraint en septembre les autorités fédérales à prendre le contrôle de ces deux sociétés à capitaux privés.

La perte sans précédent du troisième trimestre - le cinquième dans le rouge sur les six derniers trimestre - est due principalement à la dépréciation de crédits d'impôts, une décision qui revient, aux yeux des observateurs, à reconnaître que le retour à la rentabilité n'est pas pour bientôt.

Fannie Mae avait averti en octobre qu'il déprécierait presque intégralement ses crédits d'impôts, censés lui permettre de réduire son impôt sur les bénéfices.

Cette dépréciation représente à elle seule une charge exceptionnelle de 21,4 milliards de dollars dans les comptes du troisième trimestre.

Parallèlement, la dégradation continue du marché du crédit immobilier et la baisse des prix des logements ont eu pour conséquence une envolée des coûts du crédit du groupe à 9,2 milliards au troisième trimestre.

La perte par action ressort à 13 dollars pour la période juillet-septembre, à comparer à une perte de 1,56 dollar par titre un an plus tôt.

LES FONDS PROPRES FONDENT

Le groupe a expliqué lundi que le quatrième trimestre devrait lui aussi se solder par une lourde perte faute d'amélioration dans l'immobilier et d'embellie sur les marchés financiers.

De nouvelles pertes sur le trimestre en cours pourraient ramener à zéro les fonds propres du groupe, déjà tombés à 9,3 milliards de dollars fin septembre contre 44 milliards fin 2007. Des fonds propres négatifs pourraient obliger la société à faire appel à l'Etat fédéral pour renforcer son bilan à hauteur de plusieurs milliards de dollars afin qu'elle puisse poursuivre ses activités.

"C'est une illustration magistrale de ce qui attend les marchés financiers", a commenté Andrew Harding, d'Allegiant Asset Management. "Il faut que le Trésor les finance."

"Fannie Mae a pour mission de racheter des titres adossés à des prêts immobiliers. Comment fera-t-il cela s'il a des fonds propres négatifs ?"

Fannie Mae estime toutefois dans un document transmis aux autorités boursières qu'un renflouement par le Trésor pourrait se traduire par une hausse de ses coûts et compliquer son retour à la rentabilité.

A la Bourse de New York, le titre Fannie Mae cédait 1,3% à 74 cents en milieu de journée. La valeur boursière du groupe avait déjà chuté lors de la prise de contrôle par les autorités fédérales.

Al Yoon et Lynn Adler, version française Marc Angrand