(Actualisé avec précisions sur la Russie, propos sur l'Iran, Cuba et la Chine)

WASHINGTON, 11 janvier (Reuters) - Les ingérences de la Russie dans l'élection présidentielle américaine et son implication dans le conflit ukrainien ont dominé mercredi l'audience de confirmation de Rex Tillerson, que Donald Trump a choisi pour diriger la diplomatie américaine.

Les sénateurs chargés de cette confirmation ont ainsi demandé à l'ancien directeur général du géant pétrolier Exxon Mobil quelle serait sa réaction en cas d'agression russe et l'ont interrogé sur son point de vue au sujet de Vladimir Poutine, dont il est jugé proche.

Le républicain Marco Rubio a notamment voulu savoir s'il considérait le président russe comme un criminel de guerre, pour l'implication de son armée en Syrie. "Je n'utiliserais pas ce terme", a-t-il répondu.

Rex Tillerson a refusé de dire s'il soutiendrait la mise en oeuvre des sanctions récemment décidées par Barack Obama en réponse aux piratages informatiques imputés à la Russie, qui aurait cherché à favoriser l'élection de Donald Trump.

Il s'est en revanche prononcé en faveur du maintien, "dans un premier temps", des sanctions liées au conflit ukrainien, reconnaissant que les membres européens de l'Otan avaient des raisons de s'inquiéter de l'agressivité croissante de Moscou en Europe de l'Est.

"Je recommanderais de maintenir le statu quo jusqu'à ce que nous soyons capables d'entamer un dialogue franc et ouvert avec la Russie et de mieux comprendre ses intentions", a-t-il dit.

Prié de dire s'il considérait que Vladimir Poutine était au courant des cyberattaques visant les Etats-Unis, l'homme d'affaires a jugé cette hypothèse crédible.

La principale préoccupation des sénateurs est de déterminer si l'ancien patron qui était chargé de préserver les intérêts des actionnaires saura le faire avec ceux des Etats-Unis sur la scène internationale.

Sa confirmation devrait toutefois être une formalité, selon Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Depuis 2011, Rex Tillerson a signé onze partenariats avec Rosneft, la principale compagnie pétrolière russe, et a été décoré en 2013 de l'ordre de l'Amitié par le président Poutine.

MISE EN GARDE À PÉKIN

S'il s'est montré volontiers conciliant avec Moscou, comme avec le Mexique, un "ami de longue date des Etats-Unis", Rex Tillerson a adopté une ligne plus ferme avec l'Iran, Cuba et surtout la Chine.

Interrogé sur l'accord sur le nucléaire iranien, le futur secrétaire d'Etat s'est dit favorable à ce qu'il soit "totalement passé en revue", sans pour autant aller jusqu'à suggérer que les Etats-Unis pourraient le dénoncer.

Il a affiché son opposition à une levée de l'embargo commercial visant Cuba et s'est interrogé sur la pertinence du retrait de l'île de la liste des pays soutenant le terrorisme, décidé par Barack Obama pour ouvrir la voie au rapprochement spectaculaire entre les deux anciens ennemis.

Mais à l'instar de Donald Trump, c'est surtout à la Chine que Rex Tillerson a réservé ses coups, en estimant notamment que Washington doit l'empêcher de continuer à construire des îlots artificiels en mer de Chine méridionale.

Comparant cette politique à "l'annexion de la Crimée par la Russie", il a ouvert la porte à une politique plus agressive envers Pékin.

"Nous allons devoir envoyer à la Chine le signal clair que d'une, la construction des îles doit s'arrêter, et de deux, nous ne lui permettrons pas d'accéder à ces îles", a-t-il dit.

Interrogé sur les changements climatiques, Rex Tillerson a par ailleurs reconnu que "l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère (avaient) un effet".

"Nos capacités à prédire cet effet sont très limitées", a-t-il ajouté. (Avec Yeganeh Torbati, Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)