"Nous voyons une opportunité incroyable à intégrer une marque emblématique telle que Supreme au sein de notre groupe", s'est réjoui le PDG Francesco Milleri. La cession devrait être finalisée avant la fin de 2024, sous réserve des approbations réglementaires et autres conditions usuelles. Supreme dispose d'un site en ligne et de 17 magasins physiques aux États-Unis, en Asie et en Europe. A part ces éléments, peu de choses ont filtré pour le moment. V.F. Corporation avait acquis Supreme pour 2,1 Mds$ en 2020. Autant dire que l'opération n'a pas été un franc succès. Elle a abouti à une grosse dépréciation dans les derniers comptes de l'Américain (le parcours du titre est d'ailleurs une lente agonie, cf. ci-dessous)

Pourquoi le marché a-t-il des doutes sur la pertinence de l'acquisition ?

Ce qui est sûr, c'est que cette entrée du groupe dans le domaine très concurrentiel du "lifestyle" textile pose quelques questions, d'autant que Supreme est une marque de rue sophistiquée teinté de culture skateboard. Ces dernières années, ce sont plutôt les groupes de luxe qui s'étaient aventurés dans la lunetterie, un compartiment lucratif largement dominé par EssilorLuxottica. Chez Kering par exemple, la réinternalisation des lunettes liées aux marques du groupe fait partie intégrante de la stratégie.

Luca Solca, l'analyste de Bernstein SG qui suit de près le secteur du luxe, juge cette transaction étonnante à deux titres. D'abord, elle semble sortir de la zone de confort de la lunetterie, où les acquisitions du groupe s'étaient jusque-là concentrées (Ray-Ban et Oakley étant des exemples de succès). D'autre part, Supreme "est orientée vers le streetwear, à un moment où les marques de streetwear semblent connaître une baisse significative de l'engagement des consommateurs dans le monde entier". Solca rappelle toutefois qu'EssilorLuxottica y voit peut-être aussi un autre Oakley, car la marque était présente dans le textile en plus des lunettes lors de son rachat en 2008.