SEOUL, 10 juin (Reuters) - Si la dénucléarisation de la péninsule coréenne est l'enjeu principal du sommet de mardi entre Donald Trump et Kim Jong-un, la priorité immédiate de la délégation nord-coréenne déjà présente à Singapour est la sécurité de son dirigeant.

Les mesures de sécurité prises autour de lui devraient être encore plus strictes que celles observées lors du sommet intercoréen d'avril dernier, avancent spécialistes en sécurité rapprochée et analystes. On se souvient des douze gardes du corps qui avaient encadré au pas de course la limousine du dirigeant nord-coréen.

Il s'agit cette fois du premier déplacement du chef nord-coréen dans un pays autre que la Chine ou la Corée du Sud depuis son arrivée au pouvoir, fin 2011, souligne Kim Doo-hyun, qui enseigne les techniques de protection des personnalités à l'Université nationale sud-coréenne du sport.

Aussi la délégation nord-coréenne va-t-elle très certainement s'évertuer à éviter tout imprévu de dernière minute, ajoute-t-il.

"Comme le lieu et l'heure du sommet ont déjà été annoncés, la sécurité autour de Kim Jong-un sera plus stricte" que pour n'importe quelle personnalité. "On peut présumer que la Corée du Nord a fait plus de demandes à Singapour que les Etats-Unis en termes de sécurité."

En plus d'utiliser des véhicules blindés, les Nord-Coréens devraient mettre en place "une échelle de protection sans précédent, au sol, en mer et dans les airs", estime Chae Kyou-chir, le directeur général de Top Guard, l'une des principales entreprises sud-coréenne de sécurité et de protection.

"Kim Jong-un est vénéré comme un être divin dans son pays, tandis qu'en dehors de la Corée du Nord, il est sujet à l'hostilité du fait du fonctionnement de son régime, et cela suffit à provoquer des inquiétudes sécuritaires chez les représentants nord-coréens", poursuit-il.

Lors du sommet intercoréen du 27 avril, le premier en plus de dix ans, les agents de sécurité nord-coréens avaient méticuleusement nettoyé au désinfectant le fauteuil dans lequel Kim Jong-un allait s'asseoir pour signer le livre d'or de la Maison de la paix, au village de Panmunjom. Le livre et le stylo avaient aussi été nettoyés.

Des agents de sécurité avaient été également aperçus utilisant des appareils électroniques pour détecter la présence éventuelle d'explosif ou d'appareils d'enregistrement.

La Corée du Nord pourrait aussi recevoir l'aide de son principal allié, la Chine, qui envisageait de déployer des avions de chasse lorsque l'appareil emmenant Kim à Singapour se trouverait dans l'espace aérien chinois, a annoncé l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, citant une source anonyme de Pékin.

En vue du sommet, l'espace aérien de Singapour sera restreint temporairement pendant trois jours, selon un document de l'Organisation internationale de l'aviation civile et de l'Administration américaine de l'aviation civile.

"Pour le moment, tous les voyants sont au vert. Les Américains comme les Nord-Coréens sont satisfaits des arrangements mis en place", a déclaré samedi le ministre singapourien des Affaires étrangères, Vivian Balakrishnan, de retour d'une visite à Washington et Pyongyang. (Christine Kim et Joori Roh Jean Terzian pour le service français, édité par Henri-Pierre André)