* 40.000 fonctionnaires et 25.000 cheminots dit FO

* Olivier Faure hué à son arrivée à la manifestation

* Des heurts en marge du défilé

par Arthur Connan

PARIS, 22 mars (Reuters) - Cheminots, fonctionnaires, agents de la RATP, contrôleurs aériens, personnels des Ehpad ont manifesté jeudi à Paris, avec pour objectif de faire converger leurs luttes contre les réformes d'Emmanuel Macron pour le faire reculer.

"La convergence des luttes est plus que nécessaire, plus on sera nombreux, plus on sera en mesure d'imposer au gouvernement ce dont les Français ont besoin", estime Pascal Chevalier, 49 ans, cheminot syndiqué à la CGT.

Partis de la Gare de l'Est, les cheminots ont retrouvé le cortège des fonctionnaires sur la place de la Bastille, symbole de cette volonté de mêler les revendications.

Selon Force ouvrière (FO), 40.000 fonctionnaires et 25.000 cheminots ont défilé dans les rues de Paris contre les projets de réforme. La préfecture de la capitale a compté 32.500 fonctionnaires et 16.500 cheminots.

L'exécutif, qui se dit "déterminé" face aux mobilisations, ne croit pas pour l'instant à une "convergence des luttes".

La secrétaire générale de Fédération syndicale unitaire (FSU) considère pourtant que le gouvernement amène cette perspective "sur un plateau".

"On a les mêmes préoccupations que les cheminots, que les employés aériens", a dit à Reuters Bénédicte Groison, à l'avant du cortège de la fonction publique.

Un avis partagé par le futur numéro un de FO, Pascal Pavageau : "La grève perlée (des cheminots) c'est effectivement quelque chose qui peut servir de terreau pour que d'autres mobilisations commencent à se greffer".

Dans les cortèges de fonctionnaires, on pouvait apercevoir des slogans comme "Macron, la (dé)c(l)asse sociale" ou "Je suis un.e tire au flanc".

Pour Fabien Busson, 30 ans, cheminot CFDT, le gouvernement fait tout pour mettre un terme à ce genre de mobilisation.

"On se bat comme on peut, alors ça fait chier les usagers, mais c'est le seul moyen de pression qu'on a aujourd'hui, alors tant qu'on l'a, on essaye de l'utiliser", a-t-il dit à Reuters.

OLIVIER FAURE HUÉ À SON ARRIVÉE DANS LES CORTÈGES

De nombreuses personnalités de gauche ont défilé aux côtés des cheminots et des fonctionnaires. "On a réuni toute la gauche, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps, a dit à la presse Benoît Hamon, président de Génération.s.

Le futur premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a été hué à son arrivée dans la manifestation, l'ouverture à la concurrence du réseau ferré français ayant été votée pendant le quinquennat de François Hollande.

"Nous payons le fait que, pour beaucoup, nous serions une gauche molle, édulcorée, une gauche qui aurait perdu le sens de ses propres valeurs", a-t-il déclaré à la presse.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a quant à lui été encensé à son arrivée dans le cortège des cheminots.

Plusieurs incidents ont été recensés en marge de la manifestation.

"La manifestation des Cheminots (...) a été perturbée par la présence en pré-cortège de 2.300 personnes dont un groupe de 300 individus encagoulés (...) qui ont cherché systématiquement à harceler les forces de l’ordre", dit un communiqué du ministère de l'Intérieur.

Trois personnes ont été interpellées, précise le ministère, dont un militant "violent" déjà connu des services de police. (avec Elizabeth Pineau, Caroline Pailliez et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)