PARIS, 6 janvier (Reuters) - La France a mis en garde mardi les Palestiniens contre toute logique d'engrenage à l'heure où le président Mahmoud Abbas envisage de soumettre de nouveau à l'Onu une résolution appelant à la création d'un Etat palestinien.

"Nous allons avoir des contacts avec les Palestiniens qui ont salué la position de la France (d'avoir voté en faveur d'une première résolution en décembre, NDLR) mais nous voulons être bien au clair sur quelle est la démarche et l'objectif qu'ils poursuivent", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius à des journalistes.

"Nous sommes contre (une) logique de l'engrenage", a-t-il poursuivi. "Autant les Palestiniens ont parfaitement le droit de faire bouger le statu quo, autant il faut essayer de trouver une solution de consensus. A partir du moment où on se lance dans cet engrenage, on aboutit à des résultats qu'on n'a pas souhaités de part et d'autre."

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré dimanche qu'il envisageait de soumettre de nouveau au Conseil de sécurité de l'Onu une résolution appelant à la création d'un Etat palestinien.

En décembre, une première résolution, qui prévoyait notamment un accord de paix d'ici douze mois et le retrait israélien des territoires occupés avant fin 2017, avait été rejetée.

Huit pays seulement, dont la France, la Russie et la Chine, s'étaient prononcés en faveur du texte, les Etats-Unis et l'Australie contre. Les cinq autres membres s'étaient abstenus.

Washington avait clairement exprimé son hostilité à toute initiative avant les élections législatives israéliennes de mars prochain.

"Nous avions préparé une résolution (...) dont nous pensions qu'elle était susceptible de recueillir un consensus, ça n'a pas été possible", a regretté Laurent Fabius mardi.

"Les choses se sont passées autrement, il y a eu un refus des Etats-Unis d'aller dans ce sens (...) et des Palestiniens" qui ont finalement décidé de déposer leur propre résolution.

Le chef de la diplomatie française a indiqué qu'il discuterait des objectifs recherchés par les Palestiniens avec ses homologues de la région, notamment égyptien et jordanien, dans les prochains jours et semaines.

"La vraie question c'est de savoir quel est l'objectif (d'un vote à l'Onu) : est-ce que c'est de déclencher un veto américain? Est-ce que c'est de réaffirmer telle attitude par rapport au gouvernement israélien? Je ne sais pas", a dit Laurent Fabius.

Les Palestiniens espèrent que les cinq nouveaux membres du Conseil de sécurité, nommés pour une période de deux ans et en fonction début janvier, seront plus enclins à soutenir leur projet de résolution. (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)