ISMAILIA, Egypte, 26 novembre (Reuters) - La mosquée Al Raoudah, théâtre vendredi de l'attaque la plus meurtrière de l'histoire récente de l'Egypte, était liée au soufisme, un courant mystique de l'islam abhorré par les intégristes musulmans.

L'assaut, qui n'a pas été revendiqué pour l'heure, a fait 305 morts. Le parquet général égyptien a déclaré que les assaillants, au nombre d'une trentaine, brandissaient un drapeau du groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Dans le village de Bir al Abed, 800 habitants regroupés près d'Al Arich dans le nord du Sinaï, on se souvient que le lieu de culte local avait déjà été visé par des menaces il y a un an dans une publication de l'EI, l'hebdomadaire en ligne Al Nabaa.

Un chef de l'organisation djihadiste y menaçait clairement les soufis et mentionnait directement Al Raoudah.

"Notre premier objectif est la guerre contre le polythéisme et l'apostasie, le soufisme, la sorcellerie et la divination", disait ce religieux. De nouvelles menaces ont été proférées début 2017.

En mars dernier, la branche de l'Etat islamique dans le Sinaï a posté une vidéo montrant des membres de sa police religieuse contraignant par la force, en les menaçant de mort, des soufis à renoncer à leurs croyances.

Le document contenait aussi les images de ce qui était présenté comme l'exécution dans le désert de deux vieillards soufis pour "sorcellerie".

Le soufisme est une confrérie musulmane régulièrement prise pour cible par des islamistes comme l'EI car elle révère des saints et des sanctuaires, ce qui, pour les fondamentalistes, est de l'idolâtrie.

L'Egypte compte quelque 15 millions de soufis. (Yursi Mohamed, Mahmoud Mourad; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)