(Actualisé avec déclarations d'E.ON et d'Uniper, précisions, contexte, cours)

par Christoph Steitz

FRANCFORT, 12 septembre (Reuters) - Uniper était valorisée 3,9 milliards d'euros lundi pour sa première séance de cotation, une capitalisation qui pourrait obliger sa maison mère, E.ON, à de nouvelles dépréciations, une perspective sanctionnée par une chute du cours du numéro un allemand de l'énergie.

E.ON, qui conserve 46,65% du capital d'Uniper à l'issue de la scission, a déclaré le mois dernier valoriser la filiale à environ 12 milliards d'euros dans ses comptes.

Après avoir passé depuis 2014 pour plus de 18 milliards de charges de dépréciation liées à ses actifs de production d'électricité, E.ON sera contraint d'en supporter de nouvelles liées à Uniper, au risque d'affaiblir davantage son bilan et d'amputer ses capacités d'investissement.

Néanmoins, la valeur boursière conjugée d'Uniper et E.ON dépassait lundi de 1,6 milliard d'euros la capitalisation boursière d'E.ON au cours de vendredi.

"Nous avons donné tort à ceux qui disaient que la scission ne marcherait pas", a déclaré à la presse Johannes Teyssen, le président du directoire d'E.ON.

Vers 13h40 GMT, le titre Uniper s'échangeait à 10,55 euros après un plus haut à 11,05. Au même moment, E.ON chutait de 14% à 7,01 euros, la plus forte baisse de l'indice européen Stoxx 600.

E.ON a distribué à ses actionnaires 53,35% du capital d'Uniper, qui regroupe principalement ses centrales électriques au gaz et au charbon et ses activités de courtage d'énergie, sur la base d'une action Uniper pour dix titres E.ON détenus.

Le président du directoire d'Uniper, Klaus Schäfer, espère que le marché prendra acte du fait que l'économie allemande aura encore longtemps besoin d'électricité au gaz et au charbon malgré le développement continu des énergies renouvelables.

LES FONDS INDICIELS VONT VENDRE UNIPER

Uniper détient aussi des participations dans des centrales hydroélectriques et des réseaux de distribution.

"Les investisseurs s'intéressent à notre action parce qu'ils comprennent que le virage énergétique allemand est le plus grand actuellement sur le marché", a-t-il dit à Reuters TV. "Je ne suis pas inquiet pour l'avenir grâce à notre portefeuille d'activités."

Cet optimisme est apparemment partagé par certains analystes financiers.

"Nous considérons Uniper comme une importante opportunité d'achat à cause de la volatilité du titre à court terme, conséquence des ventes forcées des investisseurs indiciels et de la rotation des investisseurs après la scission", expliquent ainsi les analystes de Macquarie, qui entament le suivi de la valeur avec une opinion de "surperformance".

Si E.ON fait partie de l'indice Dax de la Bourse de Francfort et de plusieurs autres indices importants, ce ne sera pas le cas pour Uniper, ce qui conduira les fonds indiciels - qui s'attachent à répliquer la performance d'un indice de référence - à vendre rapidement leurs titres.

Pour tenter d'amortir l'impact de ce mouvement, E.ON a mandaté les banques JPMorgan, Morgan Stanley et Citigroup, chargées de trouver des acheteurs pour les titres appelés à affluer sur le marché.

Les estimations par les analystes financiers de la valeur d'Uniper allaient de 5,50 à 13 euros par action, donnant une valorisation globale de deux à cinq milliards d'euros pour la nouvelle entité.

Le principal concurrent d'E.ON, RWE, a quant à lui lancé le processus d'introduction en Bourse d'Innogy, sa filiale de réseaux, d'énergies renouvelables et de distribution.

(avec Ludwig Burger, Maria Sheahan, Hakan Ersen et Reinhard Becker; Marc Angrand pour le service français, édité par Patrick Vignal)