* Réunion de concertation entre élus et le Premier ministre

* Rapport alarmiste de la Cour des Comptes

* Engagements vis-à-vis du CIO remis en cause ?

PARIS, 26 janvier (Reuters) - Les arbitrages sur le calendrier de réalisation du Grand Paris Express seront rendus dans la première quinzaine de février, a-t-on indiqué dans l'entourage d'Edouard Philippe, qui a réuni vendredi des élus pour une concertation sur ce sujet politiquement et économiquement sensible pour l'exécutif.

"L'objectif de cette réunion c'est de discuter et de travailler ensemble sur le Grand Paris Express", a dit le Premier ministre à l'ouverture des discussions, à Paris. Ce "projet complexe" a fait "l'objet de décisions et d'arbitrages et il ne s'agit pas aujourd'hui de les remettre en cause".

"Il s'agit de faire un point des éléments techniques, budgétaires et financiers et de voir comment collectivement nous pourrons prendre les décisions qui permettront de mener à son terme ce projet", a-t-il ajouté. "On n'est pas là pour (arrêter le projet)."

Présenté comme le "chantier du siècle", le Grand Paris Express doit permettre de désengorger le réseau actuel et de relier entre eux les départements de la petite couronne via la construction de quatre lignes automatiques de 200 km et de 68 nouvelles gares autour de Paris d'ici à 2030, avec une plage de travaux commune entre 2019 et 2023.

Ce calendrier pourrait toutefois être remis en cause au vu des coûts et surcoûts enregistrés ces dernières années - la facture prévisionnelle est ainsi passée de 25,5 milliards d'euros à 38,5 milliards d'euros - qui font peser un risque sur les finances publiques.

Dans un rapport publié la semaine dernière, la Cour des comptes a pointé une dérive continuelle des coûts, émis de sérieux doutes sur le respect des échéances olympiques de 2024 et recommandé "une révision du périmètre du projet et de son phasage".

Edouard Philippe avait d'ailleurs annoncé mardi dernier que le calendrier devait être discuté avant d'être fixé, ouvrant la voie à de possibles retards.

ENGAGEMENTS VIS-A-VIS DU CIO

Une perspective qui suscite l'inquiétude des élus sur le terrain. Le député LREM de l'Essonne Cédric Villani s'est notamment récemment alarmé d'un potentiel retard de la mise en service de la ligne 18 appelée à desservir le pôle scientifique du plateau de Saclay. "Si les transports en commun ne sont pas rapidement mis à niveau, Paris Saclay mourra", a-t-il prévenu.

Autre motif d'inquiétude, le retard que pourrait prendre la mise en service de la ligne 17, appelée à permettre l’accès de plusieurs épreuves des Jeux Olympiques. Selon le Journal du Grand Paris, elle pourrait être reportée de 2024 à 2026.

"Pour nous, ça va être une difficulté forte si certaines lignes ne sont pas livrées à temps, on pense à la ligne 17 qui va desservir le territoire du Bourget notamment, qui est pour nous un noyau important de l'organisation de ces Jeux", a prévenu Tony Estanguet, président du comité d'organisation des JO, au Sénat la semaine dernière, précisant avoir écrit à Emmanuel Macron et Edouard Philippe à ce sujet.

Le président socialiste du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, abonde.

"Je rappelle qu'on a les uns et les autres, collectivités comme Etat, pris des engagements vis-à-vis du CIO par rapport aux JO et vis-à-vis des habitants notamment de la Seine-Saint-Denis à qui l'on a dit que la candidature aux JO serait un outil d'accélération et de rattrapage", a-t-il dit à son arrivée à la réunion de concertation vendredi. "Et maintenant, au lendemain de la décision positive de Lima, on va leur dire que ce sera pour plus tard ?". (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Bouygues, Eiffage, Vinci