(.)

PARIS, 4 octobre (Reuters) - L'Etat a déposé une offre de rachat au prix de 12 euros par action sur les quelque 16% du capital d'EDF qu'il ne détient pas encore, a déclaré mardi l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Ce montant est le même que celui dévoilé le 19 juillet lors de la présentation détaillée par le gouvernement du projet de renationalisation totale de l'électricien français.

"L'Etat s'engage irrévocablement à acquérir au prix unitaire de 12,00 euros la totalité des actions qu'il ne détient pas", a précisé l'AMF dans un avis.

L'Etat propose également un prix unitaire de 15,52 euros sur les obligations "océanes" 2024 existantes qu'il ne détient pas, a-t-elle dit.

Avec cette opération estimée à 9,7 milliards d'euros, l'Etat devrait avoir les coudées franches pour mener à bien le vaste chantier du renouvellement du parc nucléaire français annoncé en février par Emmanuel Macron.

Le président de la République a chargé EDF, déjà lourdement endetté et confronté à des baisses de production en raison de problèmes de corrosion sur certains réacteurs, de la construction de six nouveaux réacteurs de nouvelle génération (EPR2), avec la possibilité de huit réacteurs additionnels.

L'objectif est à la fois de lutter contre le changement climatique, le nucléaire étant considéré comme une énergie à faibles émissions de carbone, et de garantir la sécurité des approvisionnements énergétiques de la France, alors que la Russie a quasiment réduit à néant ses livraisons de gaz à l'Europe à la suite des sanctions à son encontre en raison de la guerre en Ukraine, provoquant une flambée des prix de l'énergie.

D'après un rapport diffusé par Matignon quelques jours après les annonces présidentielles, le coût total de construction de six EPR2, dans un scénario médian et sur la base d’une mise en service du premier réacteur "à l'horizon 2037", s’établit à quelque 51,7 milliards d'euros.

Le gouvernement espère désormais lancer la construction d'un premier EPR2 avant la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron en mai 2027, avec mise en service commerciale d'un premier réacteur de nouvelle génération à compter de 2035-2036.

Pour mener à bien ce vaste projet, Emmanuel Macron a aussi choisi un nouveau PDG pour EDF, Luc Rémont, dont la nomination, qui doit encore être validée par le Parlement, a été annoncée le 29 septembre.

La France ne compte pour l'heure qu'un EPR, à Flamanville (Manche), dont le chantier lancé en 2007 n’a cessé d'enchaîner retards et surcoûts. Le démarrage du réacteur, prévu initialement en 2012, est aujourd’hui espéré en juin 2023. (Rédigé par Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame)