Paris (awp/afp) - EDF a vu son bénéfice net reculer en 2020 sous l'effet de la crise sanitaire, mais l'électricien souligne sa "résilience" et revoit à la hausse ses objectifs dans les énergies renouvelables, sur fond de projet de réorganisation de l'entreprise.

En 2020, le groupe a dégagé 650 millions d'euros de bénéfice net (environ 704 millions de francs suisses), en baisse de 87%, pour 69 milliards d'euros de chiffre d'affaires (-3,2%). En 2019, le résultat net s'était trouvé en partie gonflé par une variation d'actifs sur les marchés financiers.

"La crise sanitaire a démontré la résilience du groupe EDF tant sur le plan opérationnel que financier. Malgré une récession historique, nous délivrons des résultats financiers solides", a commenté jeudi son PDG Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence téléphonique.

"Nous nous sommes réorganisés et avons pu assurer nos missions: personne n'a manqué d'électricité ni pendant le confinement ni cet hiver malgré deux vagues de froid", a-t-il souligné.

La production nucléaire en France a cependant dû être ramenée à 335 TWh (contre 379 l'année d'avant).

Pour 2021, EDF vise entre 330 et 360 TWh: "L'année 2021 reste marquée par la désorganisation des arrêts de tranches, conséquence de ce qui s'est passé au printemps, et par un grand nombre de visites décennales dans les unités de production", explique M. Lévy.

In fine, l'"impact Covid" a été de 2,3 milliards d'euros sur le chiffre d'affaires, qui sans cela "aurait été stable", a souligné le directeur financier Xavier Girre.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda), en recul de 3,3% à 16,2 milliards d'euros, a subi un impact de la crise estimé à 1,5 milliard d'euros (baisse de la demande et des chantiers, mais aussi 700 millions liés au recul de la production nucléaire).

Hors Covid, le groupe a aussi dû assumer des surcoûts liés à la reprise de soudures de l'EPR de Flamanville (Manche), en construction, et "un changement défavorable" du taux d'imposition au Royaume-Uni.

Pour sécuriser les deux ans à venir, un plan a été lancé visant, d'ici 2022, 500 millions d'euros de réduction des charges opérationnelles et 3 milliards d'euros de cessions d'actifs. A fin 2020, 221 et 500 millions d'euros ont été atteints respectivement (notamment la vente d'actifs pétroliers de la filiale italienne Edison), indique EDF, relevant que les cessions ne toucheront "pas son coeur de métier".

Antidote au "poison"

A l'inverse, le groupe a annoncé jeudi des ambitions à la hausse dans les renouvelables. "Nous rehaussons certains objectifs stratégiques (du plan) +Cap2030+: notre objectif de capacités renouvelables installées nettes passe de 50 gigawatts à 60 GW à horizon 2030", hydraulique inclus, a dit M. Lévy, évoquant une montée de l'éolien en mer.

Sous réserve de "l'évolution des restrictions sanitaires", le groupe compte en 2021 sur un Ebitda supérieur à 17 milliards d'euros. Très endetté (42,3 milliards d'euros de dette nette), il vise un ratio endettement sur Ebitda inférieur à trois.

Mais c'est au-delà qu'EDF regarde, avec l'avancée espérée d'Hercule, son projet de réorganisation, censé lui donner les moyens d'investir, qu'il s'agisse de prolonger la vie du parc nucléaire ou de rattraper son retard sur ses concurrents dans les renouvelables.

"Cette ambition ne deviendra pas réalité sans des investissements massifs. J'espère que l'année 2021 sera porteuse d'un nouveau souffle", a dit M. Lévy, alors que des négociations sont engagées entre Paris et Bruxelles sur la révision du prix du nucléaire régulé.

Ce mécanisme, baptisé de l'acronyme "Arenh", oblige EDF à vendre une partie de son électricité à ses concurrents à un prix qu'il juge trop bas.

Cette situation "pousse EDF vers le déclassement", a prévenu M. Lévy, pour qui "l'Arenh dans sa forme actuelle est un poison".

"On peut résoudre l'équation d'EDF en conservant un groupe intégré", a-t-il plaidé, à propos du projet de scission de son groupe en deux voire trois entités, très contesté par les syndicats. "J'espère qu'une solution pourra voir le jour très prochainement, car le temps passe", a-t-il souligné.

afp/rp