LONDRES, 24 juin (Reuters) - Voici cinq thèmes susceptibles de peser dans les décisions des investisseurs et des traders au cours de la semaine à venir:

1/ REVE EUPHORIQUE?

Les dirigeants politiques européens ont, depuis le début de la crise, eu du mal à repondre aux attentes des marchés et la semaine qui vient ne devrait pas faire exception. Ce ne sont pas les suggestions qui manquent (rachat de dette par le FESF/MES sur le marché secondaire, euro-obligations et variations sur ce thème, fonds d'amortissement de la dette, union bancaire, etc.) mais il y a peu de consensus en ce qui concerne les mesures à prendre et l'agenda de leur mise en place. Les futures sur Bund s'apprêtent à connaître leur plus mauvaise performance mensuelle en dix ans et la pentification de la courbe de rendement allemande reprend à un rythme rapide. De nouvelles hésitations politiques ne feront qu'accentuer le risque, tant pour les créanciers que pour les débiteurs de la zone euro.

2/ PEUR ET INCERTITUDE

Les difficultés d'emprunt de l'Espagne incitent de nombreux analystes du secteur privé à estimer que le pays, tout comme ses banques, aura tôt ou tard besoin d'un plan de soutien. en revanche, les questions de savoir quelle sera l'origine des fonds pour ce sauvetage et si les structures existantes auront suffisamment de liquidités sont beaucoup plus incertaines. On ne sait pas non plus quel sera l'impact d'un tel plan sur les coûts d'emprunt et la notation des dettes des autres membres de la zone euro qui financent les plans d'aide et combien de dominos peuvent tomber avant que l'ensemble de l'édifice de la zone euro ne doive être reconstruit. De plus, la Grèce est largement considérée comme étant un problème qui a été repoussé plutôt que réglé, même si un nouveau gouvernement a pu être formé. Et il se peut que l'Allemagne ait une marge de manoeuvre limitée pour faire les concessions qui lui sont demandées, étant données ses contraintes nationales et consitutionnelles.

3/ ESPOIRS DU COTE DES BANQUES CENTRALES

Les marchés financiers s'attendent de plus en plus à ce que les banques centrales prennent en main le soutien de la croissance économique étant donné les contraintes fiscales auxquelles sont confrontés les Etats, notamment dans la zone euro. La Réserve fédérale a laissé la porte ouverte à un programme de rachats d'actifs et la banque d'Angleterre devrait lancer un troisième cycle d'assouplissement quantitatif. Dans la zone euro, les investisseurs spéculent sur une baisse des taux de la BCE. Et si la crise dans la zone euro s'aggrave beaucoup, la question de mesures non conventionnelles pourrait se poser, bien que la Bundesbank estime que la BCE a déjà atteint les limites de son mandat.

4/ DE NOUVEAUX AVERTISSEMENTS?

Les marchés d'actions ont retrouvé à ce jour une performance positive depuis le début de l'année, y compris l'indice des bancaires en Europe. Mais l'un des points noirs est que la perspective d'une intervention des banques centrales a traditionnellement plus d'impact sur les marchés que l'intervention elle-même. Et tout signe que la crise finit pas épuiser la capacité des banques centrales à soutenir l'économie entraînerait une forte rechute des marchés. Un autre élément inquiétant pour les investisseurs en actions est l'ampleur des ajustements à la baisse à faire aux estimations de résultats des sociétés. Danone a lancé un avertissement sur ses marges en raison de l'aggravation de la crise en Espagne et dans d'autres pays du Sud de l'Europe. D'autres sociétés pourraient suivre l'exemple de Danone avant le début de la saison des résultats.

5/ VAGUE DE PEUR

La volatilité implicite de la parité euro/dollar a baissé et la prime que les investisseurs sont prêts à payer pour avoir le droit de vendre de l'euro a également diminué après les résultats rassurants des élections législatives grecques. Mais alors qu'une sortie de la Grèce de la zone euro n'est plus une menace immédiate, certaines banques continuent à tabler sur une sortie du pays du bloc un jour ou l'autre. Les économistes de Citi par exemple estiment que la probablilité pour que la Grèce sorte de l'euro dans les 12 à 18 mois est toujours entre 50 et 75%. Dans ce contexte, les investisseurs se tournent vers les devises suisse et danoise. Mais la couronne norvégienne semble avoir la plus forte marge de manoeuvre pour monter dans la mesure où sa banque centrale prévoit une reprise de la hausse des taux d'intérêt malgré la fermeté de sa monnaie. (Swaha Pattanaik, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)