Jean-Marie Sander, président de la caisse régionale d'Alsace-Vosges, était jusqu'à présent président de la Fédération nationale du Crédit agricole (FNCA), l'organe politique de la banque. Et la tradition au sein du groupe veut que le passage de témoin se fasse entre le président de la FNCA et le président sortant du Crédit agricole SA.

Le 1er mars dernier, Jean-Paul Chifflet avait déjà été nommé directeur général du Crédit agricole après la mise à l'écart de Georges Pauget, tenu pour responsable des pertes de la banque dans les activités de marché et des excès commis dans l'expansion internationale du groupe.

Les analystes attendent désormais du nouveau tandem Sander-Chifflet qu'il reprenne en main la stratégie de développement de la banque à l'international, ternie ces derniers mois par les difficultés de la filiale grecque Emporiki, rachetée en 2006 et en cours de restructuration depuis l'automne.

Ils espèrent de la nouvelle équipe dirigeante qu'elle prendra des décisions rapides sur cette filiale.

Devant les actionnaires réunis ce mercredi en assemblée générale, Jean-Paul Chifflet a dit rester "attentif" et "très mobilisé" sur la situation d'Emporiki compte tenu du plan d'austérité budgétaire imposé à la Grèce pour assainir ses finances publiques, qui pèsera inévitablement sur l'activité économique du pays.

"Aujourd'hui, même si la mobilisation des gouvernements européens nous laisse penser que le risque de défaillance s'éloigne, nous restons, je reste, attentifs à la situation et très mobilisés sur ce dossier", a déclaré le directeur général du Crédit agricole.

"Emporiki améliore son résultat brut d'exploitation. Ses risques de crédit sont mieux maîtrisés", a-t-il ajouté. "Le plan de diminution des charges a été renforcé et permet des économies légèrement plus élevées que prévues".

OBJECTIF 2020

Le nouveau numéro deux de la banque a aussi expliqué que le Crédit agricole allait préparer sa feuille de route pour définir sa stratégie jusqu'en 2020. Cette feuille de route stratégique doit d'ailleurs être présentée en décembre prochain.

"Notre enjeu aujourd'hui est de dessiner ensemble le Crédit agricole de 2020 avec les aléas économiques et politiques ou plutôt, dirais-je, au-delà de ces aléas", a souligné Jean-Paul Chifflet.

Le président sortant de la banque René Carron, atteint par la limite d'âge, s'est de son côté efforcé de défendre son bilan à la tête de la banque française depuis 2002.

Il estime notamment que les acquisitions réalisées dans les années 2000 ont permis de doter la banque d'une envergure internationale, reconnaissant néanmoins avoir dû payer dans certains cas des prix élevés.

Comme l'ensemble du secteur bancaire européen, l'action Crédit agricole a clôturé sur une forte baisse mercredi, cédant 3,61% à 9,38 euros. L'indice sectoriel Stoxx des banques européennes a terminé sur un repli de 3,51%.

Matthieu Protard, édité par Marc Angrand