par Christiaan Hetzner et John O'Donnell

Le groupe Schaeffler, une entreprise familiale contrôlée par la milliardaire Maria-Elisabeth Schaeffler, a lancé mardi soir une offre surprise sur le fabricant de pneus et de pièces détachées automobiles à 69,7 euros par action, soit un montant total de 11,2 milliards d'euros.

Le titre Continental se traite néanmoins autour de 72 euros jeudi à la Bourse de Francfort, en baisse de plus de 2%, laissant penser que les investisseurs s'attendent à ce que Schaeffler soit forcé de relever son offre ou qu'un deuxième candidat au rachat entre dans la course.

La valeur de l'action avait augmenté d'un tiers environ entre lundi et mercredi après avoir abandonné 50% depuis le début de l'année.

Le président du directoire de Continental, Manfred Wennemer, a également fait appel au gendarme de la Bourse de Francfort au sujet de l'opération qui a permis à Schaeffler de s'assurer le contrôle de plus de 30% du groupe de Hanovre grâce à des positions prises discrètement par plusieurs banques.

Le BaFin a confirmé jeudi qu'il mènerait une enquête sur cette opération.

Les experts financiers de la coalition de conservateurs et sociaux-démocrates au pouvoir en Allemagne ont quant à eux promis de s'attaquer à tout faille juridique qui aurait permis à Schaeffler de prendre cette participation de manière anonyme.

La porte-parole du ministère des Finances a déclaré qu'elle était "effarée" par de telles tactiques.

"S'il est possible de construire une telle (participation au capital) en franchissant des seuils avec de telles combines, alors nous devons prendre des mesures urgentes pour que la situation change", a-t-elle dit.

FAIRE OBSTACLE À SCHAEFFLER

Manfred Wennemer, qui considère que cette offre est opportuniste et n'a pas de logique stratégique, a engagé la banque Goldman Sachs comme conseil sur la stratégie de défense à adopter.

Le groupe pourrait ainsi être amené à dresser d'autres obstacles sur le chemin de Schaeffler, comme forcer une augmentation de capital ou trouver un chevalier blanc.

Les analystes estiment cependant que peu de sociétés sont capables de voler au secours de Continental.

Jeudi, l'italien Pirelli a déclaré ne pas être intéressé par Continental ni par son activité de pneumatiques, qui pourrait être vendue en cas de démembrement du groupe.

Le japonais Bridgestone et le français Michelin se sont quant à eux refusés à tout commentaire sur un intérêt éventuel pour cette activité de pneus.

Schaeffler a déclaré mardi lors de la présentation de son offre qu'il n'avait pas l'intention de démanteler Continental, ni de supprimer des emplois ou de le radier de la cote.

Fragilisé par le rachat en 2007 de son compatriote VDO pour 11 milliards d'euros, Continental était depuis plusieurs mois sur la liste des cibles potentielles de fonds d'investissements, même si la crise du marché du crédit avait quelque peu éloigné le spectre d'une telle opération.

L'offre de Schaeffler, si elle était couronnée de succès, ferait de la nouvelle entité un concurrent sérieux de Robert Bosch pour la place de numéro deux mondial des équipements automobiles, derrière le japonais Denso.

Christiaan Hetzner et John O'Donnell, version française Julien Toyer