Clariant et Huntsman ont annoncé fin mai cette fusion censée faire naître une nouvelle entité dans la chimie spécialisée, dont la valorisation boursière dépassera les 14 milliards de dollars (12,3 milliards d'euros). Les actionnaires de Clariant devraient détenir 52% du nouvel ensemble.

"Il y a de bonnes opportunités pour dégager de la valeur des nombreux actifs de qualité actuellement inclus dans Clariant", a dit un porte-parole de White Tale, le véhicule d'investissement mis sur pied par Corvex et Standard Industries pour porter leur part dans le groupe suisse.

"Hélas, nous ne pensons pas que le projet de fusion avec Huntsman fasse partie de ces opportunités."

Corvex est un fonds dirigé par l'investisseur activiste Keith Meister, un protégé de Carl Icahn, qui gère des actifs d'une valeur de 6 milliards de dollars et a pris une participation de 5,5% dans la société de communication Century cette année.

40 North, géré par l'investisseur immobilier new-yorkais David Winter et David Millstone, un ancien analyste financier de Bear, Stearns & Company, détenait une participation dans Clariant avant de s'associer à Corvex dans le but de contrecarrer le projet de fusion avec Huntsman. David Winter and David Millstone sont également co-directeurs généraux de Roofing Maker Industries Standard.

Clariant dit avoir été en contact avec Corvex depuis l'année dernière, lorsque le fonds est entré à son capital.

"Comme pour tous nos actionnaires, nous entretenons un dialogue ouvert avec eux", a déclaré un porte-parole de Clariant.

Sollicité sur le sujet, Huntsman n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.

A la Bourse de Zurich, le titre Clariant avance de 2,92% à 11h50 GMT, signant l'une des cinq meilleures performances de l'indice Stoxx 600.

CONTRE-OFFRE PROBABLE

Le projet de fusion vise à créer un nouvel ensemble qui réalisera des ventes annuelles d'environ 13 milliards de dollars. Il est soutenu par des familles allemandes qui détiennent presque 14% de Clariant.

Certains analystes estiment que l'opération a du sens, surtout depuis que Huntsman a scindé sa division Venator de pigments en l'introduisant en Bourse.

"Le portefeuille de Huntsman, après la scission de Venator, offre un portefeuille de croissance hautement complémentaire, à notre avis, dans le sens où cela procure aux deux entreprises une base plus solide et plus large", a déclaré Christian Faitz, de Kepler Cheuvreux.

Pour certains investisseurs, ce projet de fusion semble toutefois toujours défensif et a été élaboré pour protéger Clariant ou Huntsman contre une OPA d'un groupe plus important.

"Nous avons vendu notre position suite à l'annonce de Huntsman", a déclaré un investisseur qui faisait auparavant partie des 10 principaux actionnaires de Clariant. "La logique de l'accumulation de valeur pour les actionnaires de Clariant était discutable, alors je comprends le raisonnement de Corvex."

Pour l'analyste de Baader Helvea, Markus Mayer, une contre-offre sur le suisse est désormais davantage probable, citant notamment les groupes allemands Evonik et Lanxess qui ont exprimé par le passé des marques d'intérêt pour Clariant, ou le géant BASF.

(Benoit Van Overstraeten et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par John Miller

Valeurs citées dans l'article : Huntsman Corporation, Clariant