La tant attendue consolidation de la distribution française est enfin lancée : Carrefour rachète les enseignes Cora et Match en France au groupe belge Louis Delhaize. En Bourse, l'action Carrefour gagne 0,95% à 17,45 euros. " Il s'agit de la première transaction importante de Carrefour en France depuis plus de 20 ans et elle marque une consolidation bienvenue sur un marché très fragmenté ", souligne UBS. Stifel souligne pour sa part qu'elle intervient dans le contexte de la faillite de Casino et de la recomposition potentielle du marché français de la distribution alimentaire.

La transaction, dont la finalisation est attendue à l'été 2024, valorise les actifs acquis sur la base d'une valeur d'entreprise de 1,05 milliard d'euros. Elle se fera en numéraire et sera relutive sur le bénéfice net ajusté par action dès la première année.

" En première estimation, la transaction aurait un impact relutif de 1% avant synergies et de 8% après prise en compte de 100% des synergies ", précise Invest Securities.

Les enseignes Cora et Match opèrent respectivement 60 hypermarchés et 115 supermarchés et emploient près de 24 000 personnes en France. Elles ont généré un chiffre d'affaires hors taxes de 5,2 milliards d'euros en 2022 (4,3 milliards d'euros hors essence), pour un Ebitda de 189 millions d'euros.

Selon les données Kantar Worldpanel, le nouvel ensemble affiche une part de marché de 22,5% en France, au coude à coude avec le leader, Leclerc (23%).

L'intégration des magasins Cora et Match offre un potentiel de synergies significatif, estimé à 110 millions d'euros d'Ebitda en base annuelle 3 ans après la réalisation effective de la transaction. Les coûts d'intégration associés, répartis sur 2 ans, sont estimés à 200 millions d'euros (investissements et charges d'exploitation).

Le prix payé reflète un multiple d'acquisition post synergies (valeur d'entreprise sur Ebitda) de l'ordre de 4,2. Carrefour souligne qu'il s'agit multiple " fortement relutif sur la base de la valorisation actuelle " du groupe.

" Une grande partie de l'opération est attrayante : complémentarité régionale (Carrefour est sous-exposé au nord et à l'est de la France) ; prix de transaction faible/raisonnable et taille de l'opération peu susceptible d'empêcher de nouveaux rachats d'actions ", a commenté Stifel. L'analyste se dit cependant préoccupé par la logique stratégique de l'opération.

" Renforcer l'exposition de l'entreprise aux grands formats de magasins traditionnels en France ne nous semble pas intéressant. Les hypers et supers représentent déjà plus de 80% des ventes de Carrefour en France" critique-t-il.

Parallèlement, Carmila, dont Carrefour détient 36%, a conclu un accord avec le groupe Louis Delhaize pour reprendre leur participation de 93% dans Galimmo, qui détient 52 galeries commerciales adjacentes à des magasins Cora.