Carrefour chute de 7,76% à 17,48 euros, retombant à son niveau de début janvier avant la publication du plan stratégique qui a conduit à une nette revalorisation du titre. Si les ambitions à l'horizon 2020 contenues dans ce programme ont plutôt séduit, le retour à ce qui fait la réalité opérationnelle de Carrefour à court terme est douloureux. Le distributeur s'est abstenu de donner des estimations de ses résultats pour 2018 et les analystes retiennent surtout que le redressement du groupe va prendre du temps.

"Carrefour n'a pas voulu commenter le consensus 2018 mais s'est appliqué à souligner les difficultés qui se présentent cette année, notamment l'évolution des changes et de nouveaux amortissements", note ainsi Bernstein.

De son côté, Jefferies retient que "l'évolution des changes et l'environnement concurrentiel restent très volatils à court terme. Alors que le groupe perd des parts de marché, les facteurs permettant une inflexion des résultats ne nous apparaissent pas clairs. Le sentiment général est certes en train de s'améliorer mais les fondamentaux vont mettre longtemps à suivre".

Enfin, Oddo BHF estime que la prévision d'un rebond de plus de 3% de l'Ebit de Carrefour en 2018, qui est celle du consensus, est clairement trop optimiste. Lui-même table sur une baisse de cet indicateur de 4% cette année.

Carrefour a enregistré 1,3 milliard d'euros de charges exceptionnelles en 2017

L'une des questions les plus sensibles pour tenter d'appréhender au mieux les perspectives est de savoir comment vont être "phasés" les réductions de coûts et les réinvestissements dans les prix du groupe. En clair, Carrefour a deux options : soit il attend d'avoir fait les économies promises pour en réinvestir une partie dans des baisses de prix, soit il continue à se montrer agressif quitte à compenser par la suite avec ses réductions de coûts. A priori, la deuxième option est la plus probable avec les premières économies qui ne seraient engrangées qu'à la fin de l'année.

Les pressions sur les résultats de Carrefour seront d'autant plus fortes que le groupe n'a pas tout à fait terminé de solder l'héritage des années passées. Il prévoit notamment une nouvelle augmentation de ses amortissements liés aux lourds investissements consentis sur les derniers exercices. En 2017, la charge d'amortissement a augmenté de près de 95 millions d'euros. Autre reliquat de l'ère précédente : Carrefour a intégré dans ses comptes 2017 une dépréciation des actifs de l'ancien périmètre Dia.

Au total, ces charges exceptionnelles ont représenté 1,3 milliard d'euros l'année dernière. De ce fait, le distributeur a vu ses comptes 2017 tomber dans le rouge, à -531 millions d'euros, tandis que son bénéfice opérationnel courant a baissé de 17,2% (à changes constants) à 2 milliards d'euros. Il est en ligne avec les attentes. Le chiffre d'affaires de Carrefour, déjà publié, est ressorti à 88,24 milliards.