Au-delà de l'impact de nouvelles dépréciations sur la dette grecque à la suite de l'accord européen du 27 octobre et d'une revalorisation attendue de leur dette qui viendra doper les résultats, elles devraient subir un recul important de leurs revenus dans la banque de financement et d'investissement (BFI), estiment les analystes.

Des établissements comme le britannique Barclays, le suisse UBS et l'allemand Deutsche Bank, ont déjà tous enregistré des baisses prononcées de leurs revenus et de leurs bénéfices dans ce secteur.

"Compte tenu de la volatilité sur les marchés depuis cet été, on va regarder de près l'impact sur les activités de marché", explique Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue.

"On va voir s'il y a eu du sang dans les salles de marché tant dans les activités de trading equity (actions, NDLR) et fixed income (taux, NDLR)", poursuit-il.

Les résultats trimestriels seront aussi l'occasion pour les banques françaises de préciser les mesures qu'elles entendent mettre en oeuvre pour renforcer leur solidité financière afin de faire face à la crise de la dette en zone euro qui a contraint début octobre le franco-belge Dexia au démantèlement.

Dans le cadre de la recapitalisation du secteur bancaire, l'Autorité bancaire européenne a évalué à un total de 8,8 milliards d'euros le déficit de fonds propres de BNP Paribas (2,1 milliards d'euros), de la Société générale (3,3 milliards) et de BPCE (Banque populaire-Caisse d'épargne) (3,4 milliards).

Les syndicats et des banquiers s'attendent dans le contexte d'une dégradation de l'environnement à ce qu'elles annoncent des réductions d'effectifs, surtout dans leur BFI.

"PAS DE DISLOCATION DES MARCHÉS"

En septembre dernier, les banques françaises, qui excluent tout appel au marché et toute intervention de l'Etat pour se recapitaliser, ont annoncé une série de mesures d'arrêt d'activités et de cession d'actifs pour renforcer leur solvabilité et rassurer les investisseurs.

Les pouvoirs publics espèrent néanmoins que ces plans de réduction de bilan ne se traduiront pas par un assèchement du crédit bancaire ("credit crunch") pouvant freiner toute perspective de reprise économique.

D'après le consensus Thomson Reuters I/B/E/S à la date du 31 octobre, BNP Paribas, qui publie ses résultats jeudi matin, devrait faire état d'un bénéfice net en repli de 33% à 1.273 millions d'euros.

Société générale, qui publie le 8 novembre, devrait voir son résultat net reculer de 13% à 778 millions d'euros tandis que celui du Crédit agricole SA (le 10 novembre) devrait ressortir à 591 millions d'euros en baisse de 20%.

"Dans les activités de marché, cela va beaucoup baisser mais il ne devrait pas y avoir de perte car il n'y a pas eu de dislocation des marchés", fait remarquer un analyste financier basé à Paris.

"On va regarder s'il y a un début d'impact des coûts de financement sur les revenus d'intérêt. C'est peut-être encore un peu tôt mais ça peut commencer à se voir", ajoute-t-il.

Sous la pression des marchés et après le tarissement des financements du secteur bancaire européen par les fonds monétaires américains qui a suivi la dégradation du "triple A" des Etats-Unis par Standard & Poor's, les groupes bancaires français ont d'ailleurs entrepris de réduire leur trop forte dépendance au financement en dollars.

Sanctionnant notamment cette vulnérabilité structurelle, les agences de notation ont dégradé les notes de crédit des banques françaises, renchérissant ainsi leurs coûts de financement qui pourraient d'ailleurs encore augmenter en cas de dégradation du "triple A" de la France. ( et )

A la Bourse de Paris, en dépit d'un rebond au cours du mois d'octobre, les valeurs bancaires françaises ne sont toujours pas parvenues à effacer la chute de leur cours en Bourse et continuent de sous-performer l'indice bancaire européen.

Depuis le début de l'année, les titres BNP Paribas, SocGen et Crédit agricole perdent encore entre 29% et 47% contre -27% pour l'indice.

Edité par Gwénaëlle Barzic