par Matthieu Protard et Julien Ponthus

La deuxième banque de la zone euro par la capitalisation boursière, après l'espagnole Santander, a fait état d'un bénéfice net en hausse de 46,5% à 2,28 milliards d'euros pour le premier trimestre, grâce à la contribution de Fortis racheté l'an dernier et à un recul des provisions pour pertes sur le crédit.

Le produit net bancaire de BNP Paribas est en hausse de 21,7% à 11.530 millions d'euros - +0,1% hors Fortis -, tandis que les provisions ont reculé de 26,8% à 1.337 millions.

A 12h50, l'action BNP Paribas, principal contributeur à la hausse du CAC 40 (+0,58%), s'adjugeait 2,72% à 49,32 euros après avoir ouvert en baisse, et surperforme nettement l'indice sectoriel Stoxx 600 des banques européennes, en progression de 0,47% au même moment.

"BNP Paribas démontre une croissance dynamique des revenus à périmètre constant dans tous les métiers, à l'exception de ceux du fixed income, en raison d'une base au T1 2009 exceptionnelle", relève Pierre Chedeville, analyste chez CM-CIC Securities dans une note intitulée "Le rouleau compresseur en action".

Les analystes de Nomura soulignent des résultats "solides" tant sur les revenus, surtout dans la banque de financement et d'investissement (BFI), que sur le coût du risque.

UNE EXPOSITION PAS SI "NÉGLIGEABLE"

Le consensus réalisé par la rédaction de Reuters tablait sur un bénéfice net en hausse de 5% à 1,64 milliard d'euros pour le premier trimestre, contre un bénéfice de 1,56 milliard un an plus tôt.

La Société générale a aussi fait état mercredi d'un résultat supérieur aux attentes, avec un bénéfice net de 1,06 milliard d'euros, et a estimé être en mesure d'atteindre un bénéfice de trois milliards d'euros cette année.

"Je m'attends au mieux à ce que ce niveau de baisse se poursuive mais je ne m'attends pas à ce que cette baisse (des provisions) s'accélère", a déclaré Baudouin Prot, le directeur général de BNP Paribas, sur la chaîne de télévision CNBC, soulignant que le premier trimestre avait montré une amorce de reprise économique.

Dans la banque de détail, les revenus de BNP sont en hausse de 9,5% en France et de 10,4% en Belgique et au Luxembourg. Dans la BFI, ils progressent de 0,6% après avoir atteint un record en 2009.

Sous la pression des marchés financiers et après avoir longtemps dit que son exposition à la Grèce était limitée, BNP Paribas a fini par détailler ses engagements dans ce pays comme les autres banques françaises.

Outre son exposition de cinq milliards d'euros à la dette souveraine, la banque a pour trois milliards d'euros d'engagements commerciaux, portant essentiellement sur des entreprises internationales.

"L'exposition de BNP Paribas à la Grèce n'est pas aussi 'négligeable' que l'indiquait récemment la direction de la banque", fait remarquer Brice Vandamme, analyste chez Deustche Bank, jugeant néanmoins les résultats de BNP "convaincants".

RIEN DE PLUS QUE LA GRÈCE

Prié de dire lors d'une conférence de presse si la banque envisageait de prêter de l'argent pour aider la Grèce à l'instar des banques allemandes, Baudouin Prot a dit que BNP n'avait pas l'intention d'aller au-delà de son engagement à maintenir son exposition actuelle.

Ces dernières semaines, les inquiétudes des marchés sur l'exposition des banques à la Grèce, et surtout les établissements français, ont lourdement pesé sur les valeurs bancaires françaises. Les craintes portent désormais sur une propagation de la crise à d'autres pays de la zone euro comme l'Espagne, le Portugal et l'Irlande.

"Toute la thématique sur la contagion à l'Espagne, au Portugal est absolument infondée", a martelé Baudouin Prot lors d'interviews sur les radios BFM et Radio Classique.

Il a d'ailleurs prévenu qu'en dehors de la Grèce, aucune autre exposition chiffrée ne serait donnée par la banque concernant d'autres pays de la zone euro.

"Nous avons clairement décidé chez BNP Paribas que nous ne donnerions aucune exposition, aucun chiffre sur des pays de la zone euro autres que la Grèce", a-t-il dit.

Avec Blaise Robinson à Paris, édité par Dominique Rodriguez