Le marché a poussé un ouf de soulagement à l'annonce par la Réserve fédérale (Fed), le 18 décembre dernier, d'une réduction progressive de son programme d'assouplissement quantitatif à partir de janvier 2014, observe William De vijlder, Vice-Chairman de BNPP IP dans l'édito de la publication "Convictions" de janvier 2014.

On peut toutefois aussi voir dans sa réaction un pied de nez puisque les actions ont rebondi. Compte tenu de la nervosité persistante dont le marché a fait preuve au sujet du tapering depuis le mois de mai, cette réaction témoigne du sens de l'anticipation des investisseurs ("vendre la rumeur, acheter la nouvelle"), souligne l'expert.

Selon lui, elle montre cependant surtout que la Fed a réussi à faire du tapering un non événement en détournant l'attention sur ses indications concernant l'évolution des taux d'intérêt : le taux des Fed funds ne sera relevé qu'une fois le taux de chômage descendu nettement en dessous des 6,5 %.

Le forward guidance est toutefois une arme à double tranchant, précise William De vijlder. En effet, tant que le taux de chômage se maintiendra largement au-dessus de ce seuil, les investisseurs apprécieront la clarté du message, qui est une invitation à investir dans les actifs risqués.
Ce passage progressif de la clarté à l'ambiguïté sera l'une des caractéristiques de 2014, assure le gestionnaire actif.

Dans ce contexte, les investisseurs auront selon lui un double défi à relever : ils devront non seulement évaluer à quel rythme les chiffres du chômage vont baisser, mais aussi et surtout essayer d'anticiper la réaction de la banque centrale américaine : comment faut-il interpréter "nettement au-dessous des 6,5 %" ?

Janet Yellen sera pour sa part confrontée à son propre dilemme, poursuit le gérant. S'en tiendra-t-elle au fait que le marché anticipe progressivement la première hausse de taux, attendue au second semestre 2015, ou essayera-t-elle de limiter la hausse des taux d'intérêt sur la partie courte de la courbe en étant plus précise dans ses prévisions ? Pour l'instant, profitons de la clarté, car l'ambiguïté ne manquera pas de lui succéder, recommande William De vijlder.