* Première plainte en décembre, bientôt une trentaine

* L'ANSM suggère de restreindre le nombre de prescripteurs

* Une décision sans doute la semaine prochaine (Actualisé avec ministère de la Santé, 7e paragraphe)

PARIS, 2 janvier (Reuters) - L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a lancé mercredi une concertation afin de limiter la prescription des pilules contraceptives de troisième et quatrième génération, qui présentent des risques sanitaires.

Cette concertation intervient après le dépôt mi-décembre d'une première plainte en France par une jeune femme imputant son handicap à la prise d'une pilule de troisième génération, que prennent près de 2,5 millions de femmes en France. (voir )

Elle devrait se traduire "très prochainement" par une réunion entre prescripteurs et représentants de l'Agence avec pour objectif de "renforcer le bon usage de ces pilules", aujourd'hui "trop prescrites", explique-t-on.

Alors que le risque artériel (accident vasculaire cérébral) est identique avec toutes les pilules, le risque veineux (embolie ou phlébite), bien que "rare", est deux fois plus élevé chez les femmes qui prennent ce type de pilule, selon une revue de littérature de l'Agence européenne du médicament.

L'ANSM recommandait ainsi en octobre dernier de ne prescrire les pilules de troisième et quatrième générations qu'en deuxième intention, notamment aux femmes tolérant mal les autres pilules.

Pourtant, près de 2,5 millions de femmes -soit 50% de celles sous pilule contraceptive- prennent une pilule de troisième génération.

Le ministère des Affaires sociales et de la Santé, qui avait décidé en septembre dernier son déremboursement définitif le 30 septembre 2013, a annoncé mercredi que cette échéance était avancée au 31 mars prochain.

Le directeur de l'ANSM suggère désormais que la prescription des pilules de troisième et quatrième générations soit restreinte aux seuls spécialistes. Gynécologues, médecins généralistes, sages-femmes et infirmières peuvent pour l'instant les prescrire ou renouveler leurs ordonnances.

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a salué cette idée.

"FAIRE 200 KILOMÈTRES POUR VOIR UN SPÉCIALISTE"

"La proposition qui est faite aujourd'hui, c'est de limiter le nombre de prescripteurs potentiels de ces pilules de troisième et quatrième générations qui, au fond, doivent toujours venir comme des supplétifs par rapport aux pilules de première et seconde générations", a-t-elle déclaré sur France 2.

Mais la nouvelle piste envisagée par l'ANSM ne convainc pas tous les spécialistes.

"Ce serait plus logique de dire que les gynécologues vont former correctement les généralistes, pour que tous les médecins puissent prescrire, pour que les femmes n'aient pas besoin de faire 200 kilomètres pour voir un spécialiste", a estimé sur BFM TV le gynécologue Israel Nisand.

"Il s'agit en fait de baisser le choix des femmes en matière de contraception et je trouve cela très dommageable", a-t-il ajouté.

Une mesure visant à "favoriser le bon usage de ces pilules" devrait être arrêtée dans le courant de la semaine prochaine, indique-t-on à l'ANSM.

Outre la plainte de décembre, la première du genre en France, une trentaine d'autres plaintes mettant en cause les pilules de troisième et quatrième générations vont bientôt être déposées, a indiqué l'avocat des victimes.

Pour Me Philippe Courtois, la proposition de l'Agence du médicament de limiter le nombre de prescripteurs est "l'aveu qu'il y a un problème avec ces pilules-là".

Il demande au gouvernement d'aller plus loin, et de favoriser leur retrait du marché.

Mais il n'y aura pas de suspension des pilules de troisième et quatrième générations, assure-t-on à ANSM, où l'on souligne qu'elles présentent un bénéfice pour certaines femmes. (Chine Labbé, édité par Sophie Louet)