(nouveau : l'analyste de JPMorgan au paragraphe 5, détails sur l'évolution du cours aux paragraphes 4 et 7)

FRANCFORT (dpa-AFX) - Même sous la pression financière de litiges américains de plusieurs milliards, Bayer réduit son dividende. Le groupe pharmaceutique et agrochimique a annoncé lundi, peu avant la clôture de la Bourse, qu'il ne distribuerait que le minimum légal pendant trois ans. Pour 2023, il en résulterait un dividende de 0,11 euro par action, ce qui sera également proposé à l'assemblée générale d'avril. Les coupes sont liées au niveau d'endettement, aux taux d'intérêt élevés et à une situation tendue en matière de flux de trésorerie disponible (free cash flow). Cette décision n'est pas surprenante.

L'analyste Charlie Bentley de la société d'investissement Jefferies avait déjà signalé en novembre, au vu des difficultés juridiques et opérationnelles, que le dividende devrait en fait être supprimé pour maîtriser le bilan.

"Réduire nos dettes et augmenter notre flexibilité font partie de nos priorités absolues", a déclaré Bill Anderson, le président du directoire de Bayer, selon le communiqué. La nouvelle politique de distribution des dividendes, qui tient compte des suggestions des investisseurs, devrait y contribuer.

Le cours de l'action Bayer a certes quitté le marché principal Xetra avec une hausse d'un bon pour cent, mais il s'est retrouvé sous pression en fin de séance. Sur la plateforme Tradegate, le titre valait lundi soir 27,70 euros, soit 4 % de moins qu'à la clôture du Xetra. Si cette évolution se poursuit mardi en séance principale, le titre risque de glisser vers un nouveau plus bas depuis 2005, en dessous de 27,40 euros.

Les investisseurs focalisés sur les dividendes devraient maintenant se séparer des actions, tout comme les fonds qui investissent dans des titres à fort dividende. Dans l'ensemble, la réduction de la distribution devrait être bien accueillie par les investisseurs compte tenu de la santé de l'entreprise, a écrit l'analyste Richard Vosser de la banque américaine JPMorgan dans une première réaction. Après tout, Bayer économise environ 6 milliards d'euros sur une période de trois ans.

Ainsi, Bayer se trouve actuellement dans une situation difficile. La vague de plaintes aux Etats-Unis concernant les prétendus risques de cancer des désherbants contenant du glyphosate occupe l'entreprise depuis des années et a déjà englouti des milliards. Les analystes voient en outre de grands risques financiers dans les plaintes pour PCB aux Etats-Unis, un poison environnemental interdit depuis des décennies déjà.

Ces deux éléments sont un héritage du groupe agrochimique américain Monsanto, racheté en 2018 pour plus de 60 milliards de dollars, que le patron de Bayer de l'époque, Werner Baumann, avait réussi à faire passer en force, malgré l'opposition de pas mal d'investisseurs. Après des années de chute du cours, le groupe ne vaut actuellement plus que 28,4 milliards d'euros à la clôture du lundi. Les titres ont ainsi quitté le marché lundi à 28,90 euros. A titre de comparaison : avant la première défaite dans un procès américain sur le glyphosate - qui avait véritablement déclenché la vague de plaintes - les actions valaient bien 93 euros.

Pour compliquer les choses, les médicaments qui ont fait jusqu'à présent la renommée de Bayer rapporteront de moins en moins d'argent en raison de l'expiration progressive des brevets, sans qu'aucun produit successeur aussi lucratif ne soit en vue. Fin 2023, une étude importante sur un médicament qui devait aider à combler le déficit a échoué.

Au vu de tous ces problèmes, la réduction du dividende n'est pour l'instant qu'une petite nouvelle positive pour Bentley, expert chez Jefferies. La sortie de liquidités sera ainsi nettement réduite, écrit-il dans une première réaction lundi. Néanmoins, la mesure illustre également l'ampleur des problèmes financiers et opérationnels de Bayer. D'autres mesures stratégiques d'envergure sont nécessaires pour réparer le bilan.

Une telle mesure - probablement discutée au sein du groupe - pourrait être la vente d'une partie de l'entreprise, en totalité ou en partie. Selon les experts, seule la branche Consumer Health, qui regroupe les médicaments sans ordonnance, entre en ligne de compte dans le contexte actuel.

Les analystes et les actionnaires attendent donc avec impatience le début du mois de mars. Le président du directoire de Bayer, Bill Anderson, qui n'a repris les rênes qu'en juin 2023, présentera alors ses plans pour l'avenir de l'entreprise de Leverkusen./mis/bek/he/he