PARIS, 11 août (Reuters) - Le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a espéré samedi que la lourde condamnation prononcée la veille par la justice américaine à l'encontre de Monsanto inciterait l'ensemble des responsables politiques à se mobiliser en faveur de l'interdiction du glyphosate.

Un jury californien a considéré vendredi que le désherbant Roundup était à l'origine du cancer qu'a développé Dewayne Johnson, un agent d'entretien de 46 ans souffrant d'un cancer en phase terminale, et a condamné Monsanto, récemment racheté par l'allemand Bayer, à lui verser 289 millions de dollars (253 millions d'euros).

"N'attendons pas la démonstration du pire pour agir", a déclaré Nicolas Hulot sur BFMTV en appelant à "appliqu enfin le principe de précaution".

"Ce que j'espère simplement c'est (qu'avec) cette décision de justice (...) chaque responsable politique (...) comprenne bien une bonne fois pour toutes qu'une entreprise comme Monsanto-Bayer n'a comme velléité (...) que le bien-être de ses actionnaires", a dit l'ancien animateur de télévision.

Il a notamment souhaité que les sénateurs français "reviennent à la raison", fustigeant leur décision de revenir sur le principe de séparation du conseil et de la vente dans le secteur des insecticides et pesticides lors de l'examen du projet de loi alimentation et agriculture.

L'examen par les parlementaires de ce texte issu des Etats généraux de l'alimentation organisés en 2017, dit "Egalim", doit reprendre à la rentrée.

AGIR "SANS ATTENDRE"

Il a également fait part de son espoir de voir cette décision faire évoluer les positions sur la question au-delà des frontières françaises.

"Nous avons pris en France unilatéralement une décision de sortir dans trois ans parce que malheureusement on ne peut pas faire plus rapide, mais j'aimerais bien que nos voisins européens, sans oublier nos amis Outre-Atlantique, prennent des décisions aussi rapides et aussi déterminées que nous le faisons", a dit Nicolas Hulot.

Selon l'ancien animateur de télévision, la décision française "ne doit être que le début d'une guerre que nous devons mener tous ensemble pour réduire massivement les molécules les plus dangereuses sans attendre la démonstration absolue" de leur dangerosité par "une liste funeste tragique".

Les pays de l'Union européenne ont voté de justesse en novembre en faveur du renouvellement pour cinq ans de l'autorisation de cet herbicide jugé dangereux par les défenseurs de l'environnement mais que les agriculteurs veulent pouvoir continuer à utiliser.

Si la France compte faire interdire le glyphosate sur son sol d'ici trois ans, elle n'a pas exclu une dérogation pour les "10%" de cas où il n'y aurait pas d'alternative pour les agriculteurs français".

Le rejet fin mai à l'Assemblée nationale d'un amendement, soutenu par Nicolas Hulot, qui visait à inscrire dans la loi l'interdiction en 2021 de l'herbicide soupçonné d'avoir un effet cancérigène, a suscité les inquiétudes des écologistes qui y ont vu un recul de l'exécutif.

Ce dernier a réaffirmé à plusieurs reprises depuis que l'objectif sous trois ans serait tenu.

Utilisé par les agriculteurs depuis plus de quarante ans, le glyphosate représente 25% du marché mondial des herbicides et Monsanto réfute que cette substance puisse provoquer des cancers. (Myriam Rivet, édité par Tangi Salaün)