Que du vert ! Et même si les indices US ne terminent pas au 'plus haut du jour', ils gagnent de +1,3 à +1,5% et pulvérisent collectivement leurs records annuels à l'issue d'une séance d'euphorie qui courrone une succession de 7 hausses sur une série de 8 séances (sans aucun épisode de correction supérieur à 0,5%).

Il s'ensuit une hausse mensuelle de 7,5% pour le Nasdaq en novembre (la plus forte depuis juillet) alors que les indicateurs macro économiques sont majoritairement plus mauvais que le mois précédent.

Cela pourrait passer pour une aberration totale si le moteur de cette flambée (le 'carry-trade') n'était bien connu des opérateurs... et le même raisonnement tordu qui avait poussé Wall Street à la hausse lors des chiffres du chômage puis avec la chute du moral des ménages explique de nouveau une performance sans lien avec la teneur de l'actualité conjoncturelle.

Le résultat est là: le Dow Jones s'envol de +1,3% à 10.407Pts et le 'S&P' efface l'obstacle des 1.100Pts (à 1.109Pts au final, son meilleur niveau depuis le 2 octobre 2008).

Tout ce qui nuit au Dollar (et probablement à l'écrasante majorité des citoyens américains) est bon pour Wall Street ainsi que pour les opérateurs qui spéculent à la hausse sur les matières premières (même si la demande finale ne le justifie pas).
Pas moins de 90% des actions ont terminé en hausse ce lundi alors que les statistiques américaines auraient aussi bien pu justifier une consolidation de 60% d'entre elles en 'temps normal'.

Ben Bernanke affirmait lundi midi que la formation d'une bulle d'actifs n'était pas un phénomène 'évident': elle ne l'est pas plus probablement que la bulle des 'subprime' 2 ans auparavant ou pour Alan Greenspan avec les 'dot.com' à l'entame de l'année 2000.

Une 'bulle ne devient évidente pour la FED que le jour où elle explose' prétendent de nombreux économistes qui ne manquent pas de citer de nombreux exemples très récents.
Quand au soutien verbal de Ben Bernanke en faveur du Dollar fort (toujours lors de la conférence de presse tenue ce lundi), Wall Street n'y aura cru que l'espace de 5 minutes avant que le billet vert ne replonge de 1,489 (à 19H) vers 1,4980E en clôture à New York.

L'influente analyste du secteur bancaire -Meredith Whitney- indiquait ce lundi soir sur CNBC qu'elle ne voyait que des signes de dégradation de la solvabilité des emprunteurs, une multiplication des sinistres et un durcissement progressif des conditions d'attribution de prêts.

Elle affirme ne pas comprendre la flambée des titres de la distribution alors que tout indique que les banques vont moins prêter aux consommateurs, lesquels se montrent par ailleurs moins dépensiers.

Elle affirme ne voir aucun fondement à la hausse actuelle si ce n'est un délire spéculatif lié à un excès de liquidités, lesquelles vont s'investir partout sauf là où l'économie en a réellement besoin.

Les banques lui semblent complètement surévaluées alors que la majorité de leurs activés -sauf le 'trading' et les émissions de titres- ne génèrent que des profits très faibles. Il n'y a non seulement pas de véritables signaux de reprise économique mais une accumulation de problèmes à l'horizon 2010.

Sur le front des statistiques et des études macro économiques, ce lundi fut plutôt décevant: une enquête d'économistes du secteur privé américain (réalisée pour le compte de la Réserve fédérale de Philadelphie) revèle que les prévisions de croissance économique pour le premier semestre 2010 sont abaissées de 2,5% à 2,3% tandis qu'ils renversent à 180° leurs anticipations concernant le marché du travail aux Etats Unis.

Ils ont calculé que 35.000 emplois seront perdus en moyenne par mois au premier trimestre 2010, alors qu'ils anticipaient 50.000 créations mensuelles sur cette période.
Dans la foulée, ils multiplient par 2 leurs projections de destructions mensuelles de postes salariés (à -160.000 contre -80.000) au quatrième trimestre 2009 avec un taux de chômage stabilisé autour de 10,2%.

Les deux chiffres publiés ce lundi viennent également confirmer le risque de tassement du rythme de progression du PIB américain au 4ème trimestre 2009.
L'indice d'activité industrielle de la FED de New York rechute de 34,6 vers 23,5 et les ventes de détail de septembre sont fortement revues à la baisse (à -2,3% contre -1,5% estimé initialement).
Le rebond de +1,4% du mois d'octobre -monté en épingle par de nombreux commentateurs qui cherchent à justifier à tout prix l'exubérance de Wall Street- reste une embellie en trompe l'oeil qui provient de la hausse de 7,4% des immatriculations de voitures neuves (après -14,3% en septembre): hors automobile, les ventes de détail n'ont progressé que de +0,2% au lieu des +0,3% anticipés.

Parmi les rares replis du jour, le monoliner MBIA a chuté de -8,2%, AIG de -3%, RIM de -2,3%, Amazon de -1%, WholeFoods Market de -1,8%, Motorola de -0,9%, Juniper Networks et Bank of America de -0,7, Qualcomm et Travellers de -0,6%, Lowes de -0,5%.

PS: l'or a pulvérisé ce soir un nouveau record absolu à 1.143,6$/Oz et l'indice du Dollar contre un panier de devises internationales est au plus bas depuis 1 an.


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