Ce sont les prévisions de baisse de taux, plutôt que l'engouement entourant les bénéfices des entreprises, qui ont rendu les investisseurs "les plus optimistes" depuis novembre 2021, a montré la dernière enquête mensuelle de Bank of America auprès des gérants de fonds pour le mois de mai.

Ce baromètre périodique a montré que 82% des professionnels de la gestion d'actifs s'attendent à ce que la Réserve fédérale commence à réduire ses taux au cours du second semestre, tandis que 78% estiment qu'une récession est improbable au cours des 12 prochains mois.

L'enquête a montré que les niveaux de liquidités sont tombés à leur plus bas niveau depuis trois ans, à 4%, contre 4,2% les mois précédents, et que la répartition des actions a atteint son plus haut niveau depuis janvier 2022, une dynamique qui reflète généralement une forte confiance de la part des investisseurs et un appétit pour le risque accru.

Le pari boursier le plus encombré reste celui d'être exposé aux "Sept Magnifiques", en référence aux sept sociétés américaines affichant la plus forte capitalisation. La position "long dollar américain" est la deuxième position la plus encombrée, dépassant la position "short actions chinoises", selon l'enquête.

Les économistes voient deux baisses de taux cette année

Dans une autre enquête, Reuters a interrogé des économistes sur les anticipations d'évolution des taux et de l'inflation. La majorité voit deux baisses de taux cette année de la part de la Fed, en dépit d'une révision légèrement haussière de la prévision moyenne d'inflation.

Dans le détail, près des deux tiers des économistes interrogés du 7 au 13 mai, soit 70 sur 108, prévoient une première réduction des taux en septembre, ce qui ramènerait l'objectif des fonds fédéraux d'une fourchette de 5,25%-5,50% à une fourchette de 5,00%-5,25%. Dans l'enquête du mois dernier, seulement un peu plus de la moitié des économistes sondés s'attendaient à une baisse du loyer de l'argent en septembre.

La nouvelle enquête montre aussi que seulement 11 professionnels prévoient une baisse des taux en juillet et aucune ne parie sur une baisse en juin, contre respectivement 26% et 4% lors de l'enquête d'avril.

"Nous n'avons eu que de mauvaises nouvelles sur le front de l'inflation au cours du premier trimestre (...) toutes ces accélérations de l'inflation étaient trop importantes pour permettre des réductions de taux", explique Chris Low, chef économiste chez FHN Financial. Il dit s'attendre à ce que la Fed baisse ses taux deux à deux reprises cette année, en septembre et en novembre. "Pour que la Fed réduise ses taux, nous devons constater un changement de tendance. Un mois de bonnes nouvelles ne suffira pas pour permettre une baisse, il faut plusieurs mois. Il y a un risque assez important qu'elle le fasse à moins de deux reprises", a-t-il ajouté.

Dans la nouvelle enquête Reuters, les économistes ont largement revu à la hausse leurs perspectives d'inflation pour cette année, que ce soit le CPI, le CPI de base, le PCE et le PCE de base, pour le deuxième mois consécutif. Aucun de ces indicateurs ne devrait refluer à 2% avant au moins 2026. Environ 60% des participants à la nouvelle enquête Reuters, soit 65 sur 108, prévoient deux baisses de taux d'un quart de point cette année, contre la moitié des personnes sondées dans l'enquête d'il y a un mois. Seuls 17 participants prévoient cependant désormais plus de deux baisses de taux, soit la moitié des 34 participants de l'enquête d'avril. Vingt-cinq d'entre eux ne prévoient qu'une seule baisse, et un n'en prévoit aucune.

Une majorité de plus de 60% des économistes ayant répondu à une question subsidiaire, soit 26 sur 41, a jugé peu probable ou très peu probable que la Fed maintienne ses taux à leurs niveaux actuels pour le reste de l'année. Interrogés sur le niveau du taux neutre de la Fed, c'est-à-dire celui qui ne stimule ni ne freine l'activité économique, la médiane des 29 réponses était de 3,00%-3,25%, un niveau plus élevé que dans les estimations précédentes.