L'affaire menace aujourd'hui de rejaillir sur le gouvernement et la Banque d'Italie, soupçonnés de défaillances dans la supervision des activités du groupe et des conditions dans lesquelles ils ont promis de lui apporter 3,9 milliards de capitaux publics pour renforcer son bilan.

La situation est d'autant plus embarrassante pour le président du Conseil, Mario Monti, qu'elle intervient un mois tout juste avant les élections législatives des 24 et 25 février

Mario Monti a promis "un maximum de clarté et de transparence" mais il a réfuté toute responsabilité de son gouvernement dans ce dossier.

Il a en outre affirmé sa confiance dans la Banque d'Italie, dirigée, lors de la création des produits incriminés, par Mario Draghi, devenu depuis président de la Banque centrale européenne (BCE).

"Les épargnants italiens doivent savoir, et je crois qu'ils le savent, que les banques italiennes ont été parmi les plus solides pendant la crise", a-t-il dit, assurant que les problèmes de Monte Paschi n'affectaient pas le reste du secteur.

Ses propos sont loin d'avoir rassuré les actionnaires de la banque toscane, créée en 1472 et dont le nom complet est "Banca Monte dei Paschi di Siena".

Lors de l'assemblée générale réunie vendredi à Sienne pour approuver les conditions du renflouement par l'Etat, ils ont exprimé sans détour leur colère.

"C'est comme s'ils avaient joué au poker dans un casino, et plus ils perdaient de l'argent, plus ils misaient", a déclaré Pietro Rinzo, ancien salarié de la banque aujourd'hui retraité.

DES LIENS HISTORIQUES AVEC LE PARTI DÉMOCRATE

"Ils étaient en train de couler et ils ont essayé de rester à flot pour dissimuler leurs pertes. Ils auraient dû dire la vérité", a-t-il expliqué à Reuters.

L'actuel gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, a rejeté les critiques sur les carences supposées de supervision de ses services et il a mis en cause directement la direction de Monte Paschi, expliquant que les opérations concernées avaient été dissimulées délibérément.

Il a ajouté que l'affaire ne menaçait pas de déstabiliser la banque.

La banque centrale n'a pas commenté les informations du quotidien Corriere della Sera selon lesquelles certains de ses inspecteurs avaient exprimé dès 2010 des réserves sur les contrats à l'origine des pertes.

Le président de Monte Paschi, Alessandro Profumo, a expliqué lors de l'AG que le groupe était encore en train d'évaluer l'impact exact des produits dérivés sur ses finances.

Il lui faudra sans doute trouver d'autres arguments pour faire taire les critiques, apaiser les actionnaires et mettre fin aux spéculations sur une possible nationalisation de sa banque.

Le dossier est devenu en quelques jours l'un des thèmes de la campagne électorale en raison des liens historiques noués entre Monte Paschi et le Parti démocrate (PD) (centre-gauche) de Pier Luigi Bersani, actuellement en tête dans les sondages d'opinion.

Le principal actionnaire de la banque est une fondation caritative contrôlée par les collectivités locales, et Sienne est un fief historique de la gauche italienne.

La municipalité et la province de Sienne, toutes deux dirigées par le PD, nomment 13 des 16 membres du conseil d'administration de la fondation, laquelle désigne à son tour la majorité des administrateurs de la banque.

"Ils ont transformé le parti en banque et la banque en parti !", a déclaré Beppe Grillo, le chef de file du populiste Mouvement Cinq Etoiles, qui assistait à l'assemblée générale.

En Bourse de Milan, l'action Monte Paschi a terminé la journée sur un rebond de plus de 11% mais accuse une chute de 12% sur la semaine.

James Mackenzie et Silvia Aloisi, Marc Angrand pour le service français, édité par Nicolas Delame

par Silvia Aloisi et Stefano Bernabei