MILAN, 19 avril (Reuters) - La Bundesbank n'a pas accédé à la demande de la justice italienne qui réclamait la saisie, en lien avec l'affaire Monte Paschi, de fonds détenus pour le compte de la banque japonaise Nomura en Allemagne, a-t-on appris vendredi de sources au fait du dossier.

Les magistrats instructeurs du dossier de fraude présumée impliquant Banca Monte dei Paschi di Siena souhaitent la mise sous séquestre de comptes de Nomura, qu'ils soupçonnent de collusion avec l'ancienne direction de la banque toscane.

Le groupe financier japonais dément toute malversation dans l'établissement de contrats dérivés, gardés secrets par les anciens dirigeants de Monte Paschi et qui ont failli couler la troisième banque italienne après la coûteuse acquisition de sa rivale Banca Antonveneta en 2007.

Le parquet de Sienne a d'abord cherché à saisir des fonds de Nomura par le biais du système de paiement interbancaire européen Target 2. La Banque d'Italie a contacté la Bundesbank pour appuyer cette demande mais la banque centrale allemande a refusé d'intervenir, selon une des deux sources.

"La Bundesbank a fait savoir qu'elle ne pouvait agir via les canaux suggérés par les magistrats italiens", a dit la source à Reuters.

La deuxième source a précisé que la Bundesbank, sans être a priori opposée à une coopération avec les juges italiens, ne pouvait ordonner un placement sous séquestre qu'à la demande d'un tribunal allemand. Les magistrats de Sienne devront donc adresser une demande officielle aux autorités allemandes, a-t-elle ajouté.

L'ordre italien de saisie vise à empêcher Monte dei Paschi d'apporter encore plus de fonds à Nomura en guise de collatéral pour son contrat dérivé "Alexandria", un pari sur la dette souveraine italienne qui s'est révélé une catastrophe.

Monte dei Paschi a accusé des pertes de 730 millions d'euros sur le contrat Alexandria et sur un autre, semblable, qui avait été conclu avec Deutsche Bank et baptisé "Santorini". L'enquête sur ce dernier est moins avancée que celle sur Alexandria et Deutsche Bank a dit jeudi ne pas avoir été informée à ce stade de poursuites possibles en Italie. (Silvia Ognibene et Stefano Bernabei, Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand)