PARIS, 3 août (Reuters) - Les négociations visant à vendre une partie du groupe Atos au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky suscitent l'inquiétude de certains parlementaires français, qui considèrent que cela pourrait compromettre l'indépendance de la dissuasion nucléaire française.

Atos a annoncé cette semaine être en pourparlers avec Daniel Kretinsky dans le cadre d'une vente de 2 milliards d'euros de ses activités historiques, mais déficitaires, qui recentrera l'entreprise en difficulté sur la cybersécurité et l'informatique dématérialisée tout en réduisant sa dette.

Un accord accorderait par ailleurs à Kretinsky une participation de 7,5% dans la division qu'Atos conserverait, et qui serait rebaptisée Eviden.

Un groupe de députés et sénateurs Les Républicains a toutefois publié une tribune dans Le Figaro daté de jeudi, dans laquelle ils s'inquiètent d'une cession qui risquerait de faire tomber les superordinateurs utilisés pour le calcul des essais nucléaires virtuels sous contrôle étranger.

"L'hypothèse de voir un acteur étranger si puissant, s'approcher de nos capacités militaires ultra-sensibles, mérite toute notre attention", écrit le groupe dirigé par le sénateur Cédric Perrin, vice-président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Senat.

Seul le gouvernement peut bloquer la vente d'entreprises. Le ministère de l'Économie et des Finances n'a pas souhaité faire de commentaire, tandis que ni le porte-parole de Daniel Kretinsky, ni Atos n'étaient disponibles pour répondre aux demandes de commentaires.

Daniel Kretinsky s'est lancé dans une frénésie d'achats en France, jetant son dévolu sur des actifs allant de Casino au groupe d'édition Editis de Vivendi.

"Il y a un historique qui montre que quand on est minoritaire on peut vite devenir majoritaire. Le vrai problème c’est la souveraineté", explique Cédric Perrin à Reuters.

Les parlementaires se sont étonnés que l'offre d'un autre acheteur, un consortium des sociétés françaises Astek et ChapsVision, n'ait pas été davantage pris en considération.

Une source proche d'Astek souligne que l'activité cybersécurité d'Atos, qui comprend l'ancienne société Bull qui fabrique les supercalculateurs français, héberge également d'autres actifs sensibles cruciaux pour les intérêts des services de renseignement français.

(Reportage Michel Rose, Mathieu Rosemain, Sharon Singleton, version française Corentin Chappron, édité par Nicolas Delame)