Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky étudie les options possibles pour persuader les créanciers de se ranger à ses côtés dans la bataille pour Atos, a déclaré une source proche du dossier, alors que la société informatique en difficulté cherche à obtenir un plan de restructuration de la dette d'ici le 31 mai.

L'une des options envisagées consisterait à permettre aux créanciers de détenir des actions de l'ancienne activité de services de gestion des infrastructures informatiques d'Atos, a indiqué la source. Cette mesure donnerait aux créanciers une exposition économique à l'entité émergente.

Le véhicule EP Equity Investment (EPEI) de M. Kretinsky, en partenariat avec le fonds britannique Attestor, propose jusqu'à présent d'effacer plus de 90 % de la dette financière de 4,8 milliards d'euros (5,2 milliards de dollars) d'Atos et de vendre de grandes parties de l'entreprise, le produit de la vente étant partiellement distribué aux créanciers.

Kretinsky-Attestor injecterait 600 millions d'euros en espèces dans le cadre du plan en échange de la quasi-totalité du capital d'Atos, selon un document détaillant l'offre initiale et publié sur le site web d'Atos il y a deux semaines.

Le consortium fait face à la société française de conseil en informatique Onepoint, dirigée par David Layani, actionnaire principal d'Atos, qui, avec d'autres partenaires tels que Butler Industries, propose aux créanciers une réduction de la dette et une injection de liquidités moins importantes, l'accès au capital d'Atos et la préservation des actifs d'Atos au-delà de ceux déjà ciblés par le gouvernement français.

Les porte-parole de Kretinsky, d'Atos et de Onepoint n'ont pas souhaité faire de commentaires.

Certains des détenteurs d'obligations et des prêteurs bancaires d'Atos ont indiqué dans une troisième offre qu'ils seraient favorables à l'arrivée d'un "investisseur d'ancrage" dans Atos, à condition que l'investisseur s'abstienne de vendre des actifs, une position qui s'aligne sur celle de M. Layani.

Le camp Kretinsky-Attestor a pour sa part exprimé de vives inquiétudes sur le fait que la situation commerciale d'Atos est pire que prévu et qu'une forte réduction de la dette est nécessaire pour sauvegarder l'entreprise.

Autrefois entreprise technologique phare de l'indice français CAC-40, Atos a connu une croissance rapide par le biais d'acquisitions, mais a ensuite commis des erreurs stratégiques dans un contexte de gouvernance instable, ce qui a fait chuter ses actions de plus de 90 % au cours des trois dernières années.

Un médiateur a été chargé de trouver de l'argent frais et de restructurer la dette du groupe.

(1 $ = 0,9215 euro) (Reportage de Mathieu Rosemain ; Rédaction de Anousha Sakoui et Mark Potter)