(Actualisation: réaction de marché et commentaires d'analystes)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Atos chute de plus de 20% mardi, le marché sanctionnant un troisième trimestre décevant marqué par un fort coup de frein sur la croissance qui a amené le groupe de services numériques à abaisser ses objectifs pour 2018.

Vers 12H, l'action Atos cédait 22,3%, à 69,94 euros, signant la plus forte baisse du SBF 120 et évoluant à ses plus bas niveaux depuis début 2016.

"Lorsqu'on regarde rationnellement les difficultés au troisième trimestre on peut penser qu'elles sont temporaires. Le problème c'est que la société va de déception en déception", commente un analyste. Morgan Stanley considère comme "faible" l'ensemble de la publication du groupe, tandis qu'UBS souligne la "rapide" détérioration de l'activité commerciale d'Atos depuis le deuxième trimestre. En juillet dernier, Atos avait déjà déçu le marché en publiant une croissance organique de 1,5% alors que le consensus des analystes l'attendait à 2%.

Une révision sur les marges inhabituelle

Au troisième trimestre, la division Infrastructure & Data Management a réalisé des performances décevantes en Amérique du Nord et en Allemagne "pour des raisons d'exécution commerciale sur ce segment dans ces deux géographies", a déclaré le PDG du groupe, Thierry Breton, cité dans un communiqué. "Tenant compte de ces éléments dans un environnement économique que j'anticipe incertain et difficile, je souhaite être prudent avec une croissance organique du chiffre d'affaires de l'ordre de 1% en 2018 par rapport à un bas de fourchette à 2% précédemment", a-t-il ajouté.

Pour 2018, Atos table dorénavant sur une croissance organique de 1%, contre une fourchette comprise entre 2 et 3% auparavant. Le groupe vise désormais une marge opérationnelle dans le bas de l'intervalle de 10,5 à 11% du chiffre d'affaires précédemment communiqué. Morgan Stanley souligne qu'Atos avait jusqu'à présent un bilan enviable quant à la tenue de ses objectifs de marges et que cette dernière révision a, en conséquence, de quoi être négativement perçue par les investisseurs.

Atos a en revanche maintenu son objectif d'un flux de trésorerie disponible équivalent à environ 60% de la marge opérationnelle. Ces perspectives intègrent la consolidation sur deux mois des résultats de Syntel, groupe américain dont le rachat a été annoncé fin juillet pour 3,4 milliard de dollars et clôturé en octobre.

Pour 2019, Atos a également revu ses perspectives. Le groupe vise le bas de la fourchette de croissance organique de 2 à 3%. A contrario, la société a relevé sa perspective de marge opérationnelle, misant sur un taux compris entre 11,5 et 12%, au lieu de 11,5% auparavant, grâce à la contribution de Syntel. Il a revu à la baisse son objectif de conversion de la marge opérationnelle en flux de trésorerie libre à 60%, contre 65% précédemment, pour tenir compte "des frais financiers liés à l'acquisition de Syntel".

Des prises de commandes décevantes

Au troisième trimestre, l'entreprise de services numériques a réalisé un chiffre d'affaires de 2,88 milliards d'euros contre 2,84 milliards d'euros un an plus tôt, traduisant une progression de 1,5% en données publiées. Hors effets de change et de périmètre, les revenus du groupe ont progressé de 0,1%, alors que le consensus des analystes portait sur une croissance de 1,9%, selon UBS.

La division Infrastructure & data Management a vu son chiffre d'affaires reculer de 4,6% à 1,52 milliard d'euros sur un an à taux de change et périmètre constants au premier trimestre. Lors d'une conférence téléphonique, le directeur financier d'Atos, Elie Girard, a indiqué que les difficultés rencontrées en Allemagne et en Amérique du Nord, à l'origine du recul du chiffre d'affaires de cette activité au troisième trimestre, n'étaient pas "structurelles". Il a expliqué qu'une nouvelle direction avait été mise en place en Amérique du Nord et qu'elle avait instauré "un plan de relance sur six mois" qui devrait permettre à la croissance de revenir d'ici au milieu de l'année 2019.

La division Business & Platform Solutions a vu ses revenus progresser de 4,5% sur un an hors effet de change et de périmètre, tandis que l'activité Bigdata et Cybersécurité a dégagé une croissance en données comparables de 11,7%, à 191 millions d'euros.

Atos a également indiqué avoir engrangé pour 2,48 milliards d'euros de commandes au troisième trimestre, ce qui fait ressortir un ratio prises de commandes sur facturations de 86% jugé décevant par UBS. Un ratio prises de commandes sur facturations supérieur à 1 augure une hausse de l'activité. Au total, le carnet de commandes d'Atos atteignait 22,8 milliards d'euros à fin septembre, contre 22,2 milliards d'euros fin 2017.

La filiale Worldline, qui a publié son chiffre d'affaires trimestriel lundi soir, a contribué au chiffre d'affaires du groupe à hauteur de 399 millions d'euros, un montant en progression de 6,3% sur un an en données organiques.

Sur l'ensemble des neuf premiers mois, le chiffre d'affaires d'Atos a atteint 8,89 milliards d'euros contre 8,78 milliards d'euros un an plus tôt, traduisant une hausse de 1,2% en données organiques.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV - LBO

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