Paris (awp/afp) - Nouveau rebondissement dans le feuilleton Atos: le cabinet Onepoint, qui avait échoué à racheter les activités stratégiques du groupe en 2022, est revenu en force en devenant son premier actionnaire, avec l'objectif de "sortir Atos de l'impasse".

Alors que le cours d'Atos s'est effondré au plus bas la semaine dernière, autour des 5 euros, Onepoint a annoncé mercredi avoir acquis 9,9% du capital, ce qui en fait son premier actionnaire. Résultat, l'action Atos grimpait de 12% jeudi, à plus de 7 euros.

Cet investissement surprise - mathématiquement d'environ 55 millions d'euros - s'est fait de manière amicale, ont affirmé tant Onepoint que la nouvelle direction d'Atos. "Nous saluons l'arrivée de Onepoint et envisageons d'entamer un dialogue constructif avec elle", a commenté Atos.

Pourtant, en septembre 2022, le conseil d'administration d'Atos avait rejeté à l'unanimité une offre de Onepoint, alors associé au fonds anglo-saxon ICG, pour racheter les activités stratégiques du groupe, pour une valeur d'entreprise de 4,2 milliards d'euros.

Depuis, Atos, déficitaire et lourdement endetté, a fait un autre choix: la scission entre la branche Tech Foundations (infogérance) et la branche Eviden (cloud, cybersécurité, supercalculateurs) doit aboutir à la vente de Tech Foundations au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et à une mise en Bourse d'Eviden, renflouée par une augmentation de capital de 900 millions d'euros.

A la demande du président du groupe d'alors, Bertrand Meunier, Daniel Kretinsky, en échange du rachat de Tech Foundations, a accepté cet été d'investir quelque 200 millions d'euros dans Eviden pour en acquérir 7,5% du capital.

Un investissement dont Daniel Kretinsky a précisé qu'il ne l'avait pas demandé, qu'il y resterait dans Eviden un partenaire passif et était prêt à céder sa place en cas de difficulté. Pour Bertrand Meunier, il s'agissait ainsi de donner un premier socle à l'augmentation de capital.

"Libérer" Kretinsky

Mais cette potentielle entrée de l'homme d'affaires tchèque dans une branche stratégique, qui travaille aussi pour la défense française, suscite une levée de boucliers, notamment d'élus LR, des milieux d'affaires et de fonds actionnaires. Ce choix a finalement coûté sa place à Bertrand Meunier, remplacé mi-octobre par l'ancien banquier Jean-Pierre Mustier.

Revenant en piste, Onepoint a annoncé jeudi qu'il voulait pousser la nouvelle direction d'Atos à faire réviser l'accord avec Daniel Kretinsky, qui devait être validé lors d'une assemblée générale au printemps 2024, en "libérant" l'homme d'affaires tchèque de l'obligation d'investir dans Eviden.

Le projet de scission d'Atos et de cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky "a notre soutien" mais "il faut que la cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky soit plus claire. L'augmentation de capital ne doit pas servir un complément de prix", a expliqué M. Layani à l'AFP.

"Cette augmentation de capital, qui a créé beaucoup de frustration et d'opposition, nous devons pouvoir en libérer Daniel Kretinsky. En conséquence, les conditions financières du deal doivent être améliorées et je suis certain que le conseil d'administration d'Atos sera favorable à rouvrir les discussions ", a-t-il ajouté.

Onepoint suggère ainsi que le prix de vente de Tech Foundations à Daniel Kretinsky soit amélioré si ce dernier est dispensé d'investir dans Eviden. Ce qui pourrait être compatible avec les objectifs affichés par l'homme d'affaires tchèque.

Le cabinet de conseil veut de toute façon rester actionnaire dans la durée. "Onepoint se positionne en investisseur industriel et stratégique. On est là pour longtemps, pour solidifier son ancrage français et y préserver son patrimoine afin que ses actifs ne soient pas bradés", a précisé David Layani.

Onepoint veut-il monter davantage au capital, voire revenir à son projet initial d'acheter la branche Eviden ?

"L'idée est d'accompagner la réorganisation de l'entreprise, qui a dit hier vouloir ouvrir un dialogue constructif. En fonction de ces échanges et de la réussite de ces prochaines étapes, c'est à ce moment-là que l'on pourra se poser d'autres questions. C'est un peu prématuré à ce stade de parler d'OPA ou d'acquisition", a-t-il répondu, expliquant vouloir "sortir Atos de l'impasse".

"On a besoin d'un Atos fort, c'est un fleuron de la technologie française et dans le monde. Il y a une telle sensibilité autour des actifs stratégiques, notamment dans la défense, qu'il semble important de faire des propositions prochainement au conseil d'administration pour que ces activités soient sanctuarisées dans l'intérêt de toutes les parties, en particulier de la défense nationale", a-t-il conclu.

afp/ol